HITLER EST MORT !
Vigilant et impitoyable

Le 2 mai 1945, à la suite d’âpres combats, la ville de Berlin tombe entre les mains de l’Armée Rouge. La veille, la radio a annoncé qu’Hitler se serait donné la mort dans son bunker. Afin de savoir si cette annonce est fondée, Staline a décidé d’envoyer sur place ses meilleurs éléments A l’issue de plusieurs fouilles, les cadavres d’Hitler et d’Eva Braun sont récupérés le 6 mai par un commando du SMERSH (contre-espionnage soviétique) dirigé par le lieutenant Elena Kagan. Le jour-même au Kremlin, alors que Staline se plaint furieusement de l’absence de résultat, une missive vient alerter le Colonel Viktor Abakumov, chef du SMERSH, de la réussite de son équipe. Il en touche deux mots au grand patron du NKVD (police secrète) Lavrenti Beria qui, ne supportant pas d’être humilié par le Chef suprême, dépêche le Capitaine Saveliev à Berlin pour trouver Hitler. Evidemment, l’interaction de ce sinistre personnage dans l’identification du cadavre du dictateur allemand va provoquer de sacrés remous entre les deux services soviétiques et les envoyer dans une course contre la montre totalement folle.

Par phibes, le 2 octobre 2020

Notre avis sur HITLER EST MORT ! #1 – Vigilant et impitoyable

Journaliste d’investigations, Jean-Christophe Brisard a eu l’occasion de consulter les archives secrètes du KGB qui lui ont permis de publier un ouvrage se rapportant à la mort d’Hitler. Parue en 2018, cette enquête se voit en quelque sorte aujourd’hui relatée sous un format illustré on ne plus captivant. En effet, plutôt que se décliner linéairement comme un documentaire, cette histoire aux accents véridiques est narrées à la manière d’une véritable aventure guerrière.

S’appuyant sur des faits avérés et également sur des personnages ayant existés, le récit nous immerge dans les dernières heures du deuxième conflit mondial, après que les soldats de l’Armée Rouge ont investi la capitale allemande, Berlin. Le suicide annoncé d’Hitler met en émoi le chef du Kremlin Staline qui exige des preuves. Cette quête est lancée simultanément par le contre-espionnage militaire russe (le SMERSH) et la police secrète (le NKVD).

Fort de cette base historique, Jean-Christophe Brisard nous rend témoin d’une petite guerre à la fin de la seconde, celle qui oppose deux services dépendant directement de Staline qui ont décidé, non pas de s’associer mais de chercher indépendamment pour se proclamer le premier à avoir trouvé les éléments qui confirment ou infirment le décès du dictateur allemand. De fait, une concurrence dangereuse s’engage entre d’un côté, le jeune lieutenant Elena Kagan, et de l’autre, l’obscur Capitaine Saveliev. Ainsi, on suit leurs investigations qui passent par une enquête policière douloureuse et à rebondissements auprès des personnes qui ont côtoyé Hitler dans ses derniers instants.

Structurée avec soin, cette équipée rigoureuse bénéficie d’un attrait remarquable. Les pérégrinations des deux services russes se veulent retranscrites dans une dynamique et une puissance évocatrice impressionnante. Il va de soi que les personnages qui interviennent sont caractériellement forts et donnent à ce titre une très bonne restitution de ce qui a pu se passer en 1945.

Fort ce qu’il a pu illustrer depuis sa trilogie L’ennemi et le diptyque La Mano, Alberto Pagliaro trouve ici l’occasion de faire éclater son talent. A la faveur d’un dessin abouti riche en détails et en couleurs, l’artiste nous livre un récit historique énergique aux ambiances sournoises et violentes. Le travail documentaire sur Berlin sous la coupe soviétique est indéniable, servi par un réalisme qui a la particularité de bien marquer l’ambiance folle de cette époque. Pareillement, ses personnages ont vraiment de la gueule et se découvrent judicieusement sous leur perversité, dans des traits marqués (mise à part le lieutenant Elena Kagan) qui témoigne remarquablement les stigmates de la guerre.

Un premier volet (sur trois) efficace d’une restitution guerrière aux accents russes à ne pas manquer.

Par Phibes, le 2 octobre 2020

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