HÉRAUTS
La brisure

Ayant quitté les ordres par conviction après que l’Eglise l’ait déçu, Landri est devenu héraut d’armes et s’est vu confié par le roi une mission au long cours ayant pour but de réaliser un armorial recensant tous les blasons de toutes les familles du royaume. Associé au jeune peintre Mayeul, ils arpentent inlassablement les routes. Lors d’une étape dans la forteresse de Jeanne de Flandre pour assister au tournoi qui doit s’y dérouler, il trouve le moyen d’être hébergés pour la châtelaine. Tandis que Landri part se recueillir dans une chapelle, Mayeul court se désaltérer dans une taverne. Le lendemain, alors que les chevaliers commencent à se préparer pour les joutes, Landri et Mayeul se mettent au travail de recensement. Lors des combats qui s’ensuivent, un des participants, Messire Governal de Cosme, tombe à terre et ne se relève pas. Après examen de son corps, il apparaît que le chevalier a reçu pas moins de sept coups d’épée. Pour Landri, le défunt a été assassiné sauvagement. Le héraut demande à la maîtresse des lieux de procéder à une enquête.

Par phibes, le 1 novembre 2021

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Notre avis sur HÉRAUTS #1 – La brisure

Après les deux volets de Clos de Bourgogne et le premier opus de Le ravageur, Eric Corbeyran et Nicolas Bègue se retrouvent pour notre plus grand plaisir afin de nous intéresser cette fois-ci à une nouvelle saga historique. Cette dernière a pour avantage de nous immerger dans des ambiances moyenâgeuses pour suivre les aventures d’un héraut d’arme et de son disciple spécialisés dans le recensement des armoiries.

Se rapportant à une fonction officielle qui se voulait en vogue au 13ème siècle, ce début d’équipée est l’occasion de nous ouvrir les yeux sur cette dernière et d’en découvrir son utilité. Eric Corbeyran, excellemment documenté, vient ici faire preuve d’un certain didactisme et donne du coup une base solide à son récit. Qui plus est, il se permet de travailler finement ses dialogues, se faisant fort d’utiliser un jargon ampoulé pour bien camper l’époque et cet univers héraldique.

Mais ce n’est pas tout car l’artiste s’est employé, sous le couvert de cette fonction de héraut, de lui associer une intrigue qui, à la faveur d’un tournoi mortifère entre chevaliers, va prendre des allures d’enquête policière. Là aussi, le récit se révèle dans sa subtilité et nous entraîne dans les méandres d’une quête de la vérité remarquablement structurée. L’on concèdera qu’à ce titre, les deux personnages clé que sont Landri et Mayeul se veulent de véritables détectives médiévaux en puissance, avec un sens aiguisé de l’observation et de la déduction mais assurément pas, comme on aurait pu le penser dans cet univers chevaleresque, celui du combat.

A n’en pas douter, on passe un très agréable moment à suivre les pérégrinations fluides de ces hérauts qui ont le privilège d’être vraiment convaincants dans leurs actes quel qu’ils soient, l’un dans sa charge de recenseur défroqué et érudit, l’autre dans ses aptitudes de peintre et son inclination du sexe faible.

On ne pourra que saluer la superbe prestation de Nicolas Bègue qui illustre de façon bien réaliste cet univers moyenâgeux. Assurément documenté, l’artiste nous régale en alignant des vignettes de toutes dimensions jusqu’à la double page emplies d’instantanés et de détails impressionnants. Les décors sont vraiment de grande qualité historique et ses personnages ont ce petit plus qui les rend réellement attirants.

Une excellente épopée qui mêle adroitement aventure médiévale et enquête policière. Un très bon cru qui se lit d’une traite et qui en appelle un autre, vite !

Par Phibes, le 1 novembre 2021

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