Hemingway

A la Havane, lors d’une soirée bien arrosée, la jeune et sculpturale Anjelica Haviland a donné rendez-vous à Ernest Hemingway au bar habituel de ce dernier, le Floridita, dans un but bien précis, celui de le supprimer. En attendant, l’heure de leur rencontre, le vieil homme se rappelle son premier voyage en Afrique avec Pauline, l’une de ses nombreuses conquêtes. Ses pensées vont vers ce safari auquel participaient lui-même et sa compagne, la Comtesse Soriano et son mari Charles Haviland, le guide Mario Menocal et Coca, sa concubine masaï. Malheureusement, la tragédie ne tarde pas à prendre le dessus sur l’aventure suite à la présence d’un léopard et à la déviance de Charles. Est-ce que ces évènements auraient un lien avec le projet radical d’Anjelica ?
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Hemingway

Jean Dufaux, auteur des plus prolifiques, poursuit son tour d’horizon des auteurs littéraires qui ont marqué son esprit. Après "Sade" et son anticonformisme libertin, voici "Hemingway", de son prénom Ernest, l’écrivain concis et sans redondance.

C’est dans un récit à tiroirs, faisant appel au présent et au passé, qu’Ernest Hemingway se présente au lecteur. Alors que celui-ci se prépare à une énième rencontre féminine, il ne peut s’empêcher de se remémorer certains souvenirs douloureux de safaris africains dans lesquels ses partenaires ont vécu des moments terribles. Jean Dufaux fait étalage de toute sa science en mélangeant allégrement fiction et réalité autour d’un personnage qui, transformé en spectateur et rapporteur, subit quelque peu les évènements. Nous plongeant dans les ambiances de Cuba des années 59, le scénariste exhibe la notoriété du personnage au regard des liens qu’il entretient avec Fidel Castro, avec son ami Gary Cooper et la gente cubaine (Ne l’appelait-on pas communément "Papa Ernest").

Il y a bien sûr un certain suspens entretenu dans ce recueil qui ne se veut pas forcément biographique. C’est la belle Anjelica qui va le maintenir tout au long des 58 planches jusqu’à délivrer dans les dernières vignettes les raisons de son terrible projet. La trame est parfaitement calée et le message mené en bon port.

Griffo qui était intervenu dans "Sade" laisse la place pour ce nouvel opus à Marc Malès et à son trait idéalement réaliste que l’on peut retrouver dans "Les révoltés", "Hammet", "Mille visages"… Caractérisé par un détourage noir omniprésent, croquant les personnages dans des proportions souvent allongées, ce dessinateur fait preuve d’une maîtrise picturale bluffante. Les paysages africains passant sous ses crayons sont un véritable appel au voyage tout comme ses représentations féminines aux formes languissantes sont des trésors de voluptés. Hemingway voit sa représentation conforme à son effigie selon deux périodes distinctes.

"Hemingway" représente une bien belle balade en compagnie d’un personnage qui, par ses productions littéraires, aura obtenu pour "Le vieil homme et la mer" le prix Pulitzer en 1953 et le prix Nobel de littérature en 1954.
 

Par Phibes, le 24 février 2009

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