Heaven's door

10 récits ou plutôt 10 parties dans ce volume one-shot de Keiichi Koike. On y croise des androïdes qui se rencontrent dans un rêves provoqué par une panne, un homme qui prend une drogue et se retrouve enfermé dans un rêve sans fin, un autre qui subit un accident d’avion et qui "fusionne" avec le monde qui l’entoure, ou encore ce garçon pour qui le monde va trop vite…

Par fredgri, le 16 décembre 2015

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Notre avis sur Heaven’s door

On connait le trop rare Keiichi Koike par son incroyable série psychédélique Ultra Heaven. On a pu aussi le croiser dans Le jour ou ça bascule qui vient de sortir chez les Humano !

Avec cette anthologie qui rassemble tout ses récits courts, l’artiste reprend ses thématiques habituelles, sur l’exploration de la conscience influencée ou reflet d’une réalité subjective déformée et hallucinatoire.
Avec ces histoires courtes, il explore les univers virtuels, l’onirisme robotique et l’influence de substances sur la quête du moi, sur cet état de conscience, le moment où les limites entre le rêve et la réalité s’estompent. C’est fascinant et troublant à la fois, car on comprend très rapidement qu’on n’a pas forcément tout les éléments, qu’il faut aussi accepter de se laisser emporter dans ce qui demeure avant tout une vraie expérience, au delà des mots, d’une logique narrative classique inappropriée. Sous nos yeux, la bande dessinée s’invente de nouveaux cadres, les figures se transforment, s’éloignent de ce que nous connaissons habituellement dans les mangas. C’est époustouflant !

Évidemment, tout n’est pas du registre du délire hallucinatoire, tout ne nécessite pas forcément de vocabulaire très précis, il y a pas mal de planches qui se laissent simplement parcourir sans avoir besoin de se triturer le cerveau, notamment celles qui mettent en scène le jeune garçon dans son école ! Toutefois, ce qui peut apparaitre au premier abord comme un trip en roue libre montre tout de même un regard très subtile nourrit de nombreuses références mythologiques et spirituelles, et c’est vrai qu’un peu de recherche en parallèle peut permettre d’apprécier davantage cette lecture.

Mais ce volume est surtout une incroyable initiation à l’univers graphique de Koike. On sent très bien les influences Métal Hurlant, avec le « Giuseppe Bergman » de Milo Manara ou les longues digressions graphiques à la Moebius. C’est brillant, un chouilla narcissique, mais réellement hypnotique. Il y a des planches qui explosent littéralement du livre, une extrême finesse d’exécution, c’est incroyable !
De plus, son découpage impose une lecture plus active, complètement à contre courant. Il explore, expérimente, il donne des informations au compte goutte, nous laisse deviner le reste, glisse vers l’hermétisme ou se permet des petits strips très premier degrés. Un éblouissant moment de lecture qui donne envie de se jeter sur ses trois Ultra Heaven.

Bien sur, cet album peut déconcerter s’il n’est pas vraiment appréhendé comme il faut. Néanmoins, je vous recommande vivement cette découverte et cet auteur hors norme !

Par FredGri, le 16 décembre 2015

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