Harfang

A la veille de la fête des lanternes, le jeune et beau Bran est venu rendre visite à sa future épouse Lynette. Leurs noces ayant été repoussées en faveur de celles du fils du seigneur Bayan, ils se doivent de contenir leur impatience et, dans cette attente, peaufine chacun de leur côté les éléments du trousseau. Malgré tout, les deux amoureux ont décidé d’aller faire un pique-nique quelques heures avant la cérémonie des lanternes et pour cela, se sont éloignés du village pour se prélasser aux abords d’une cascade enchanteresse. Tout en partageant leurs sentiments, ils se font prendre par un orage qui les oblige à se réfugier dans une grotte à proximité. Bloqué par les intempéries, le jeune couple en profite pour explorer l’excavation qui débouche sur une salle souterraine merveilleuse. Au bout d’un certain temps, s’étant quelque peu égarés, Lynette et Bran finissent par trouver une sortie qui les amène directement dans la sinistre vallée de Gelimjhi, où ils rencontrent la maléfique propriétaire des lieux, Harfang. Lynette disparaît sous le contrôle de la sorcière et Bran est grièvement blessé. Après avoir été soigné par les siens, le jeune homme revient dans la vallée maudite pour tenter de sauver des griffes acérées de la sorcière sa dulcinée. Pour cela, il va devoir faire de grosses compromissions.

Par phibes, le 27 juin 2014

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Notre avis sur Harfang

A peine a-t-elle bouclé le premier tome de Lady Liberty sorti en avril dernier qu’Aurore revient sur les étalages pour une nouvelle histoire, concrétisée cette fois-ci en solo. C’est donc sous l’égide de la maison Delcourt que cette artiste motivée publie son dernier bébé qu’elle a peaufiné pendant deux ans et qui nous emporte dans une équipée médiévalo-fantastico-romanesque d’inspiration manga.

Comme elle l’indique elle-même dans son cahier graphique de fin d’album, l’aventure romantique de Bran et de Lynette puise assez largement ses racines dans un des contes des frères Grimm intitulé Jorinde & Jorindel. En appui de cette base littéraire, Aurore lui donne une ouverture plus fantasy en entourant l’amourette décrite d’une féerie asiatique bien ancrée sous le couvert maléfique d’une chouette harfang et d’un dragon.

Il en ressort une équipée plutôt rapide à appréhender malgré ses quelques 108 pages. Elle se veut pleine de bons sentiments, gentillette à souhait mettant en exergue des élans chevaleresques très prononcés, qui, considérant la base scénaristique, n’élude pas un certain conventionnalisme. Il n’en demeure pas moins que le lectorat visé (jeunes adolescentes) se nourrira sans aucun problème de cette atmosphère chargée d’affections, portée par deux personnages qui semblent avoir été créés pour se compléter. On se laissera rapidement séduire par leur jeunesse, leur sensibilité, leur amabilité, leur fébrilité qui seront malheureusement mises à mal par des péripéties qui ne manqueront pas d’égratigner leurs liens affectifs et qu’ils devront tant bien que mal surpasser.

La partie dessin conforte sans équivoque l’inspiration manga, univers que l’artiste affectionne tout particulièrement et dont elle utilise certains codes graphiques. Peut-être moins fouillé (assurément dû à la colorisation) que dans ses séries Elinor Jones ou Lady Liberty, sa mise en image relève tout de même d’un niveau bien appréciable. Elle joue très favorablement sur la beauté de ses personnages, sur leurs apparences gracieuses, sur leurs regards profonds. De même, elle n’hésite pas à jouer sur les contrastes de la sorcière, à la fois belle dans ses apparats et maléfiques dans ses dispositions. Le découpage de ses planches est également bien plus moderne, grâce à un éclatement de vignettes maîtrisé et un chapitrage bien marqué.

Une histoire d’amour édulcorée brassant harmonieusement drame et fantasy, qui sensibilisera sans ambigüité les jeunes adeptes de ce type de récit.

Par Phibes, le 27 juin 2014

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