H.ELL
La Mort, sous toutes les formes

Déchu par le roi pour une faute impardonnable, le chevalier Harmond Ellander a non seulement perdu son titre, ses droits, son épée mais aussi son honneur et le plus dur son épouse, Erline de Gisey. Plutôt que d’être condamné à l’exil, son souverain a préféré le nommer questeur criminel. Siégeant dans la partie la plus sombre du donjon de la capitale et surnommé par son entourage H.ell, il ne désespère pas toutefois de réintégrer ses anciennes prérogatives. Mais pour le moment, il se doit de vaquer à ses nouvelles tâches. Le meurtre atroce perpétré sur une prostituée va lui donner l’occasion d’exercer son nouvel art, un art qui va le conduire au plus proche de la mort, sous toutes ses formes.

Par phibes, le 21 octobre 2013

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Notre avis sur H.ELL #1 – La Mort, sous toutes les formes

Stephen Desberg conforte sa place d’auteur chevronné au sein de la maison Le Lombard. Alimentant de façon pour le moins régulière le catalogue de l’éditeur, il ne manque pas de prouver sa remarquable créativité et ce dans de nombreux domaines. En ce mois de novembre, l’artiste lance une nouvelle saga dont le thème n’a rien à voir avec ces deux précédents ouvrages sortis au mois de septembre dernier tels John Tiffany et I.R.$. Team.

S’il s’agit comme les autres d’une aventure aux allures d’enquêtes policières, H.ell se démarque de celles-ci par le fait qu’elle vient nous plonger dans des ambiances profondes médiévalo-fantastiques. Pour cela, Stephen Desberg nous présente son petit dernier, Harmond Ellander, chevalier renié par le roi, qui se voit nommé en guise de punition, enquêteur criminel. Sa toute nouvelle déchéance et nomination lui permet ainsi de se lancer dans ses premières investigations qui, n’en doutons, vont prendre des proportions hors normes et bien sanguinolentes.

Cette première partie se veut tout de même intimiste par le fait qu’elle met en exergue les sentiments du personnage principal face à un adversaire de taille, la mort crue. D’un ton volontairement amer, sans réel sursaut, l’évocation personnelle qui en découle, subtilement travaillée dans sa forme et dans son verbe, n’engendre pas la gaieté et vient trouver un certain écho sombre avec les assassinats horrifiques sur lesquels le questeur doit enquêter.

Il va de soi que l’intrigue possède un grand pouvoir attractif, de par son côté barbare et rebondissant. La découverte d’une femme atrocement mutilé fait l’effet d’un électrochoc et donne envie de savoir le pourquoi d’une telle chose et qui en est à l’origine. A cet égard, Stephen Desberg gère bien son histoire, la découpant savoureusement de manière à alterner, et l’enquête de l’ancien chevalier, et ses réflexions, et les agissements de ses pairs ou de ses proches. De fait, les pistes se multiplient, pressentant que dans l’entourage d’ Harmond, la conspiration est présente.

Enfin, le côté fantastique est bien présent et enflamme le récit au fur et à mesure que l’on avance dans celui-ci. Le pouvoir que possèdent certains protagonistes (Nayade par exemple) est surprenant par le fait qu’il semble les rendre un tantinet insaisissables dans leur dessein. De même, les sinistres assassinats auxquels est exposé le questeur renforcent cette idée de surnaturel, qui ne manquera pas d’être bientôt confortée par des rencontres hors norme voire infernales.

Pour l’occasion, le scénariste renoue avec l’un de ses plus fidèles dessinateurs, en l’occurrence Bernard Wrancken, avec lequel il a en commun la remarquable série I.R.$.. Ce dernier, qui a su faire évoluer son trait au fil des nombreux ouvrages, nous livre ici un travail fortement minutieux et réaliste, enrobé dans des effets informatiques de couleurs directes. Force est de constater que ses décors médiévaux sont pour le moins envoûtants par leurs côtés vaporeux et sombres, tandis que ses personnages bénéficient d’une apparence très soignée et là-aussi attirante.

Un premier épisode réussi qui se veut un mix d’aventure policière médiévale et de fantastique pour une intrigue ténébreuse des plus porteuses.

Par Phibes, le 21 octobre 2013

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