Guide Sublime

Fraîchement arrivé au pouvoir après avoir destitué son prédécesseur Gérard III, le nouveau dirigeant du Sublimeland qui s’est autoproclamé, du haut de son irascibilité, Guide sublime prend ses premières mesures. Celles-ci ont pour objet de soigner l’esthétique de ses ouailles puisque dorénavant les hommes porteront « oplikatoirement » la moustache et les femmes la frange. Ses décisions qui, d’après celui-ci, devraient plonger le peuple dans la félicité, étant nullement discutables et son irritation pour le moins palpable, son entourage composé du conseiller Plonk et du chef de la Popo (Police politique) s’exécute en bon petit chienchien à son pépère. Il ne fait aucun doute que le règne risque d’être long, très long, tant les réformes décidées à brûle-pourpoint, sans aucune réflexion, sont issues d’un esprit sublimement paranoïaque.

Par phibes, le 16 juin 2015

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Notre avis sur Guide Sublime

S’il aime être épaulé par un scénariste comme Fabcaro (Mars !, Z comme Diégo), Fabrice Erre se plait également à travailler en solo. Après tout dernièrement Adumo, et plus anciennement Une année au lycée ou encore La mécanique de l’angoisse, le lauréat du concours Fluide Glacial de 1995 revient sur le devant de la scène en publiant un bon petit pavé rouge à l’intitulé pour le moins explicite.

Le guide sublime est l’aventure d’un despote aux aspirations tyranniques poussées à l’extrême qu’il fait subir à son proche entourage politique. Se déclinant sous la forme de planches immuables de quatre cases regroupées en plusieurs chapitres, le récit nous offre l’occasion de découvrir, dans une dérision paroxysmique, les agissements d’un sinistre personnage à moustache (véritable mix caricatural d’Hitler, Saddam Hussein et Staline) totalement malodorant dans ses décisions et ses emportements.

L’effet parodique est donc inévitable et permet par ce biais de gouter pleinement à des envolées tyranniques on ne peut plus ubuesques, aux conséquences parfaitement mesurées. Fabrice Erre anime son personnage principal dans une tonalité gaguesque volontairement grinçante et utilise pour cela un cynisme outrancier. Aussi, considérant le délire et la bêtise en rafale dans lesquels il nous plonge, on ne peut que rire de ce déballage presque incessant.

Côté graphisme, il ne fait aucun doute que le style très délié de l’artiste conforte la désopilance du message. Fabrice Erre joue la caricature à fond en usant d’un dessin humoristique volontairement dépouillé mais remarquablement expressif, de cadrages osés (les personnages ne présentent que la partie supérieure de leur corps) et d’une surcharge d’énergie parfaitement perceptible.

Un bon petit livre sur les facéties dictatoriales d’un dirigeant qui ne manquera pas de vous faire trembler… de rire !

Par Phibes, le 16 juin 2015

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