Guerre et match

C’est la finale du championnat junior basket qui oppose l’équipe de tête de série, le Kibona, à l’outsider Devescak. La rencontre s’avère évidemment difficile pour la petite équipe qui a réalisé l’exploit d’atteindre ce niveau. Frano, l’un de ses joueurs, est pétrifié à l’idée de rentrer dans l’arène et son entraîneur, Dario, a du mal à contenir son stress dû à la tension ambiante. Aussi, si le premier cherche à maîtriser ses émotions, le deuxième ne peut s’empêcher d’assimiler la rencontre sportive aux évènements guerriers qu’il a vécus 8 ans plus tôt lors des affrontements à Vukovar. Pourront-ils surmonter leurs appréhensions respectives et obtenir la consécration espérée ?

 

Par phibes, le 9 septembre 2010

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Notre avis sur Guerre et match

Avec Guerre et match, le jeune auteur d’origine croate Frano Petrusa frappe fort et bien. Intégrant pour les besoins de son premier album en français les éditions Dargaud et sa belle collection Long Courrier, il vient évoquer un pan de son passé lorsqu’il faisait partie de la petite équipe de basket du Devescak.

Par ce biais et surtout par celui d’une compétition sportive à laquelle il a réellement participé, l’artiste signe un ouvrage émotionnellement fort, à la structure subtilement étudiée et au rythme en dents de scie. En effet, entremêlant sport et faits de guerre dans un amalgame de tension extrême qui pousse à la comparaison, le récit, quelque peu honorifique vis-à-vis de son ancien entraîneur, joue sur les sentiments les plus forts et bouleverse sans équivoque.

Le personnage qui crève les planches est bien sûr Dario. Frano Petrusa le décrit copieusement dans ses coups de gueules incessants qui trahissent obligatoirement son instabilité psychique et qui le transforme, à prime abord, en un individu détestable et autoritaire. Cette force de caractère a évidemment une explication qui nous est révélée par tranches successives mûrement amenées.

Le brin d’humanité qui plane en cet opus suffit à faire chavirer le lecteur qui sera sensibilisé sans excès à l’épisode guerrier ensanglanté de Vukovar de 1991 durant lequel la ville croate a vu sa population subir les exactions des troupes serbes. Les effets sont suffisants pour démontrer la ferveur des quelques défenseurs submergés par les assaillants, la souffrance, et l’ampleur traumatisante d’un tel conflit.

D’un trait spontané, Frano Petrusa révèle son art qu’il dirige avec brio. Le geste est sûr, réaliste, plein d’humanité. Si la douceur peut poindre dans son coup de crayon, il peut également évoquer la terreur la plus puissante. Les regards de certains de ses personnages drainent des sentiments qui inquiètent voire qui effrayent. Sa palette est riche et réserve la part la plus importante au noir qu’il distille avec adresse.

Un one-shot bien entreprenant, à plusieurs strates, qui fait marquer des points à un auteur polyvalent dont la carrière semble des plus prometteuses.

 

Par Phibes, le 9 septembre 2010

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