GUERRE DES SAMBRE (LA) : WERNER & CHARLOTTE
Votre enfant, comtesse…

A Vienne, en 1768, totalement éprise de l’orphelin aux yeux rouges Werner, Charlotte a, sous l’action maléfique de sa mère Jeanne-Sophie, subi une très grosse déception et depuis, s’est décidée à prendre le voile. Voyant ses intérêts se déliter de par la tournure des évènements, la Comtesse contacte le sinistre chanoine Saintange afin que ce dernier chasse de l’esprit de la jeune fille ses intentions amoureuses. Un office d’un style très particulier auquel les deux amoureux devront participer sera donc donné. De son côté, Werner est revenu au château de son bienfaiteur le Duc Von Gotha. Profondément marqué par sa déconvenue avec Charlotte et la perversité de la mère de celle-ci, il plonge dans un désir de mortification intense. C’est alors que son protecteur, revenant d’une mission en terre française vient lui annoncer une bonne nouvelle. Est-ce que la destinée des deux amoureux s’ouvrirait sur des jours meilleurs ? Peu probable, car le dessein malfaisant de certains va couper court à tout espoir et donner le jour à une terrible tragédie familiale qui va peser à tout jamais sur les descendants.

Par phibes, le 8 novembre 2012

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Notre avis sur GUERRE DES SAMBRE (LA) : WERNER & CHARLOTTE #3 – Votre enfant, comtesse…

Au regard de l’estampille noire qui arbore le premier de couverture de ce troisième volet de la grande saga familiale initiée par Bernar Yslaire, le récit propre au premier degré d’ascendance de l’arbre des Sambre via le duo formé par Werner et Charlotte prend fin.

Avec cet opus, force est de constater que nous restons dans les ambiances manipulatrices du tome précédent insufflées sans ménagement par l’un des protagonistes hautement charismatique, la Comtesse Jeanne-Sophie. Une fois de plus, cette dernière mène son jeu, un jeu de dupe, perfide, mensonger et cynique qui pèse, de par ses effets notoires directs et indirects, sur la destinée de plusieurs êtres jusqu’à atteindre les portes de la folie. A cet égard, Bernar Yslaire a structuré parfaitement son histoire, nous promettant ainsi des moments sans pitié pour ses personnages, intensément dramatiques dans leur déroulement et surtout flirtant avec une immoralité accablante. De même, le travail en profondeur qu’il a réalisé sur ses personnages est assurément des plus accrochants, car tous, dans cet épisode, ont un rôle à jouer, bon ou mauvais, parfois à contre-courant de l’image qu’ils donnent.

C’est ainsi que le scénaristique vient, d’une manière imparable et acide, nous dévoiler le mystère de la malédiction qui grève la famille des Sambre. Enfin, grâce à un final excellemment géré et au médaillon détenu par le jeune Werner, l’on connaît son identité et par là même, celle de sa mère et aussi de son père. La surprise est totale, déconcertante, affligeante et également amère et par ce biais, Bernar Yslaire a gagné son pari, celui de nous faire frémir.

Côté dessins, Marc-Antoine Boidin signe une nouvelle fois un rendu artistique qui intègre parfaitement et remarquablement le travail général réalisé sur la saga. Son trait a très bien évolué au fil des trois tomes, si bien qu’il en est arrivé à imposer son style, un style tout en douceur, en poésie et également en dureté. L’environnement historique, les nombreux personnages sont formidablement restitués dans une proportionnalité qui ne peut que rendre concluante son intervention. De même, son usage de la couleur, répondant à un cahier des charges strict (palette de brun, de noir et de rouge) est des plus avertis et des plus somptueux.

Une fin de cycle remarquable qui en dit long sur l’origine de la fameuse tragédie des Sambre, à lire de toute urgence !

 

Par Phibes, le 8 novembre 2012

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