Guernica

En ce début d’année 1937, la vie semblerait presque normale dans la campagne du Pays basque espagnol. Mais certaines choses rappellent aux habitants que la guerre n’est pas si loin.
A Guernica, on voit défiler régulièrement des cortèges de Républicains qui se replient vers Bilbao. Et les familles s’inquiètent pour leurs enfants ou leurs conjoints partis combattre dans cette terrible guerre civile. Certains membres d’une même famille luttent, parfois, pour deux camps opposés.

Mais qui pourrait imaginer le drame qui se profile en ce lundi 26 avril 1937 dans la ville sainte des Basques ? Il y a du monde car c’est jour de marché. L’heure est aux rencontres, aux achats… Quand, soudain, un premier avion surgit et bombarde le pont stratégique qui permet de rejoindre Bilbao. Peu de temps après, d’autres avions, de la tristement célèbre Légion Condor, s’attaquent à toute la ville.

Par legoffe, le 24 février 2019

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Notre avis sur Guernica

Guernica est restée dans l’Histoire pour être l’une des premières villes à avoir été presque totalement détruite par un bombardement aérien, dont la populations sans défense fut la proie de la terreur et de la mort.

Il faut dire que ce drame terrible a été l’objet d’une large médiatisation à l’époque, contribuant à en faire un symbole fort, notamment dans le clan des pro Républicains. Ils voyaient là l’illustration de toute la monstruosité de l’adversaire et de ses alliés, l’Italie et l’Allemagne, qui aidaient les nationalistes.

D’ailleurs, les Allemands testaient, à Guernica, de nouvelles techniques et doctrines de l’aviation militaire, qu’ils allaient, ensuite, reproduire à plus grande échelle lors de la Seconde Guerre Mondiale.

Bruno Loth s’est appuyé, bien sûr, sur de nombreuses données historiques pour réaliser cette bande dessinée, mais aussi – et surtout – sur les témoignages des survivants. S’il évoque l’Histoire par la grande porte, il consacre l’essentiel du livre à raconter le drame à travers le regard des habitants.

Leur choix est salutaire, car il permet de redonner vie à Guernica. La ville est, en effet, un symbole de mort et de destruction dans l’esprit de la plupart des gens. On l’imagine uniquement à travers des images de cadavres, de ruines… au point d’avoir peut-être du mal à concevoir que, derrière cette vision apocalyptique, il y avait des vies avant, pendant, et après.

Et c’est exactement ce que nous montrent Bruno Loth : des vies, des destins. Certains brisés nets, d’autres abimés à jamais par le traumatisme de horreur qu’ils ont vécue (précisons que le livre ne témoigne pas de l’après, si ce n’est en retranscrivant, en fin de livre, la lettre du président de la RFA écrite en 1997, et la réponse des survivants).

Si le livre se déroule, pour l’essentiel, à Guernica, nombre de planches mettent aussi en scène Pablo Picasso, qui a alors pour mission de réaliser une toile qui trônera au coeur du pavillon espagnol, à l’Exposition Universelle de Paris. Sa vocation sera de représenter la République face à Franco.

Loth dépeint un Picasso lui aussi très humain, en proie aux questionnements, au doute, et dont la révélation viendra des images terribles qu’il verra de Guernica, aux actualités.
Le tableau qui en découlera deviendra l’un des plus marquants de sa carrière, il fera partie de lui, de son histoire. De la même façon, certains éléments du tableau vont devenir partie intégrante de la BD et font parties de la trame de l’album. Une idée intéressante qu’il convient de souligner.

L’ensemble est parfaitement raconté. Les personnages sont souvent attachants bien qu’ils n’apparaissent, pour la plupart, que furtivement. L’auteur a vraiment un don pour capter l’âme de ses personnages ! Quelques regards, quelques mots suffisent. Ce qu’il a imaginé dans son scénario, il le dessine avec brio. Le résultat, graphiquement, est vraiment très beau, joliment mis en couleurs, et merveilleusement exploité dans ce format à l’italienne.

Bref, ce livre est une réussite à tous points de vue. Il serait dommage que vous le manquiez, il vous marquera à bien des égards.

Par Legoffe, le 24 février 2019

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