Green Arrow & Green Lantern

(Green Lantern 76 à 87 et 89 + Flash 217 à 219 et 226)
Tout oppose Hal Jordan qui protège l’univers à l’aide de son anneau de Green Lantern, et Oliver Queen qui s’occupe des malfrats de Star City sous le masque de l’archer Green Arrow. Quand le premier se retrouve confronté à une agression dans la rue il comprend, grâce au second, que la réalité n’est pas si manichéenne que ça, que parfois la rue, la société peut cacher des violences bien plus sombres que ces conflits cosmiques… Les deux héros décident donc de faire équipe, de prendre la route pour découvrir l’Amérique et ses conflits internes !

Par fredgri, le 1 juillet 2014

Notre avis sur Green Arrow & Green Lantern

Je ne fais pas partie de cette génération qui a découvert ces histoires écrites par Denny O’Neil et dessinées par Neal Adams à partir d’Avril 1970 ! Néanmoins, très rapidement, j’en ai entendu parler comme l’une des plaques tournantes du comics adulte, de ces œuvres qui ont marqué des générations de lecteurs et qui ont permis au médium d’évoluer, d’explorer de nouveaux territoires, de nouveaux thèmes.

Alors, bien sur, lus maintenant ces épisodes ont peut-être pali avec le temps, mais c’est important de les contextualiser, de les replacer dans une ambiance, dans une époque ou il était difficile de concevoir un comics mainstream, mettant en scène un personnage haut en couleur, très connoté SF et aventures galactiques comme Green Lantern, mais traitant de violence urbaine, d’inégalités, de racisme, voir même de drogue, sujet tabou par excellence à l’orée des 70’s. O’Neil et Adams veulent donc aborder pour la première fois et frontalement des sujets qui dérangent, histoire d’interpeler et surtout de montrer que les comics ne sont pas juste pour les gamins et qu’il est aussi possible d’aborder des thèmes très adultes. Et même encore maintenant, après lecture de ce remarquable volume, on ne peut que se rendre compte combien les auteurs ont su être lucides et prophétiser ce qui se profilerait ensuite sous les couleurs de Epic et Vertigo.
Néanmoins il faut aussi insister sur le fait que ces sujets étaient aussi abordés dans la production indépendantes, underground du moment, voir aussi dans des publications européennes comme Métal Hurlant etc.

Malgré tout cette prise de conscience, par des auteurs qui avaient auparavant permis au Batman de passer le cap du réalisme quelques années auparavant, est importante et fondatrice, car elle va ouvrir les portes à toute une production engagée qui va parler de la société, qui va oser montrer la rue, les minorités, qui va amener petit à petit le comic code à lâcher du lest. Les auteurs vont alors retrouver une certaine liberté de ton, ce qui va amener, par exemple, des séries comme Howard the Duck à pouvoir émerger. Il est d’autant plus marquant de voir qu’à partir de là le médium va progressivement sortir de son cocon "pour gamin", ce qui permettra à bon nombre de créateurs de faire évoluer une certaine production mainstream !

Mais pour revenir à ce "Green Lantern/Green Arrow", la lecture reste passionnante, avec pas mal de très bonnes histoires (personnellement, j’ai adoré "Nul mal n’échappe à mon regard", "Une forme d’amour, une façon de mourir", "Ulysse Star est bien vivant", "Même un immortel peut mourir", "Les junkies ne volent pas"…) qui montrent bien qu’O’Neil est alors au sommet de son écriture et très concerné par ses sujets ! Il suffit de lire son texte d’intro pour l’épisode ou l’on découvre que Speedy se drogue… "Cette histoire, certains diront qu’il ne fallait pas la raconter, d’autres qu’elle n’a pas sa place dans un comics book. Ce n’est pas notre avis, car nous avons vu trop d’humains brisés, détruits, plongés dans la souffrance. Nous sommes en colère. Cette histoire est un cri !"

Ce volume d’un peu moins de 400 pages est donc un véritable cadeau pour permettre de bien voir que les comics peuvent aussi dénoncer et s’impliquer.
Avec le recul du temps on se rend bien compte de la puissance du message et de l’impacte qu’il y eu sur toute l’industrie. O’Neil était alors un scénariste très productif pour DC et Neal Adams était le chantre d’un graphisme somptueusement réaliste et extrêmement expressif, le duo idéal pour transmettre un message fort et révolutionnaire !

Je ne saurais donc assez vous conseiller de sauter sans hésiter sur ce chef d’oeuvre absolu !

Par FredGri, le 1 juillet 2014

Publicité