Gravé dans le sable

En novembre 1944, à Omaha Beach, Alice Queen est venue se recueillir sur les lieux mêmes où son compagnon Lucky a péri cinq mois plus tôt en tentant d’investir la Pointe Guillaume. Profondément marquée par cette disparition, elle est retournée penaudement à New York. Vingt ans plus tard, elle profite d’une commémoration pour revenir en France se recueillir une nouvelle fois avec de nombreux vétérans devant le mausolée érigé en l’honneur des disparus. C’est alors qu’elle fait la connaissance de soldats qui ont connu Lucky. Tout en évoquant les souvenirs de guerre, Alice apprend de ces derniers que son compagnon avait, dans l’assaut de la falaise, joué sa vie pour une très grosse somme d’argent en prenant la place d’un autre militaire, Oscar Arlington. Un contrat devant deux témoins avait été établi et compte tenu de son décès, Alice aurait dû toucher le pactole. Eu égard à cette terrible nouvelle, cette dernière décide alors de demander des comptes à Arlington dès son retour aux Etats-Unis. Malheureusement, celui-ci s’est suicidé et sa mère Emilia, politicienne, n’est pas du genre à se laisser faire. Surtout qu’Alice n’a aucune preuve. Aussi, va-t-elle missionner Nick Hornett, détective privé, pour tenter de retrouver lesdites preuves sans savoir qu’Emilia Arlington a mis un contrat sur elle.

Par phibes, le 10 décembre 2020

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Notre avis sur Gravé dans le sable

On connait Jérôme Derache pour ses dispositions incontestables à dresser, depuis 2015, des strips à fortes consonances humoristiques (Drôle d’Histoire, Stéphane Plaza, Les Astronômes…). Grâce à cet album, l’artiste change totalement de registre et s’adonne de fait à l’adaptation. Tel un challenge de taille qu’il a voulu s’imposer, ce scénariste s’est donc attaquer à la mise en lumière, en format BD, de la version remaniée de 2015 du roman éponyme de Michel Bussi.

Force est de constater que le travail est on ne peut impressionnant. En effet, Jérôme Derache a dû s’approprier l’histoire dramatique d’Alice s’étalant sur près de 480 pages pour la restituer dans un format concentré d’un peu de 120 planches. Le résultat est des plus agréables, assurément dense et met bien en valeur tout d’abord les grandes capacités du romancier originel qui tire avec adresse les ficelles d’un thriller avéré. Ensuite, l’on concèdera que cette adaptation se veut orchestrée fidèlement en usant d’une évocation chronologique nécessaire qui prend sa source lors du débarquement en 44 et qui se développe sur cinquante ans.

Il ne fait aucun doute que la lecture qui s’ensuit nécessite une grosse concentration compte tenu de la succession plutôt rapide des faits liés au parcours d’Alice et à sa quête de vérité. En effet, compte tenu du nombre de personnages qui interviennent de surcroît à différentes époques et des nombreux rebondissements qui influent sur le cours de ce drame, à la fois présents et passés, il est parfois nécessaire d’opérer un retour en arrière ou mieux une relecture pour appréhender à sa juste mesure l’intrigue dans toute sa complexité et ses émotions. Malgré tout, le résultat final reste de belle qualité, permettant ainsi d’aborder un récit pur de Michel Bussi dans une forme qui le caractérise bien et qui donne même envie d’aller découvrir le roman.

Après Saint-Exupéry, Faucheurs de vent et une petite incursion dans le monde des Forêts d’Opale, Cédric Fernandez nous offre une bien belle restitution illustrée des péripéties d’Alice. Au travers de plusieurs époques et de nombreux lieux français et américain, l’artiste montre ouvertement le soin apporté à cet album via des recherches documentaires évidentes. On lui reconnaîtra sa belle prestation au niveau des personnages qui se veulent bien convaincants dans leurs émotions, leur expressivité et leurs intentions palpables.

Une adaptation réussie sur une enquête dramatique à tiroirs à découvrir tranquillement pour en déguster toute son articulation. Un roman graphique qui prend toute sa place dans la toute nouvelle maison d’édition Phileas.

Par Phibes, le 10 décembre 2020

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