Le premier jour de la bataille de la Somme

La bataille de la Somme commença en 1916, une confrontation opposant les anglais et les Français aux Allemands qui fut l’une des batailles les plus sanglantes de la première guerre mondiale. Joe Sacco illustre ici la première journée, le 1er juillet 1916, qui détient le triste record de la journée la plus sanglante pour l’armée britannique, avec 58 000 victimes dont 19 240 morts…

Par fredgri, le 12 mars 2014

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Notre avis sur Le premier jour de la bataille de la Somme

Pour illustrer son récit, Joe Sacco opte pour une contrainte très intéressante, une longue "page" présentée en accordéon qui met en scène heure par heure ce 1er Juillet, le tout sans dialogue, sans description ni rien… Et l’effet est tout simplement saisissant. Non seulement ça se présente comme un long travelling, sans coupure qui glisse tout le long de la journée, on sent arriver progressivement la tension, les premières explosions, les victimes sont envoyées au casse pipe sans remord, d’ailleurs elles sont pour la plupart assez enthousiastes parait il ! Sacco pose son regard sur les troupes britanniques, il ne met aucun personnages en particulier en avant, il s’intéresse à l’ensemble, à cette énergie, matinée de résignation, de cette violence impitoyable qui s’abat sur ces hommes qui se pressent les uns sur les autres dans les tranchées, qui vivent dans des conditions misérables, mais qui ne demeurent que de simples pions sur les cartes de l’état major, là-bas, dans un château réquisitionné par les haut gradés !

D’ailleurs ce qu’il y a aussi de très fort, c’est que l’auteur évite tout jugement et presque toute exagération. Le propos n’est visiblement pas d’aller condamner, mais plutôt de rendre compte d’une réalité, d’un témoignage qui ne laisse aucune ambiguïté sur ce qu’a pu être cette incroyable journée.
Mais au delà du sujet le travail de Sacco sur cette longue "planche" est tout simplement sublime. On se perd dans les détails qui montrent bien le degrés de documentation, dans ce qu’ils montrent du quotidien de ces hommes, régulièrement on voit une rivière de soldats qui défile, barrant l’image, puis on entre dans une succession de galerie ou ne pointent que les casques, pressés les uns contre les autres.
L’exercice de style est époustouflant de réalisme et de justesse, démontrant aussi la folie qui rythma ces longues heures. On se retrouve face à un enchaînement de scénettes ou s’alternent des moments très calmes et le vrai carnage…

Comme l’explique l’auteur en fin de volume, il a voulu adopter une démarche qui ressemblait à la tapisserie de Bayeu dans son déroulement chronologique des évènements, sur le même plan.
Mais ce qui est aussi passionnant, ce sont les commentaires en fin de volume. La planche est décortiquée, tronçon après tronçon, revenant ainsi sur les détails, sur le sens des scènes… On est estomaqué !

Joe Sacco continue donc son travail de journaliste particulièrement pertinent et avisé qui se pose en témoin sur les mille et une exactions de l’humanité !
Un auteur important ! Un album indispensable !

Par FredGri, le 12 mars 2014

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