Le grand voyage de Rameau

La jeune Rameau vit avec sa tribu de petites créatures, dans le bois des Mille Feuilles. On raconte que jadis trois membres de la tribu allèrent rendre visite aux humains, et quand elles revinrent elles provoquèrent un drame… Depuis, il est interdit de retourner là-bas ! Mais Rameau est obsédée par la même idée, admirer les robes des humaines, quitte même à en avoir une elle même. Après s’être juste un peu éloignée de la limite autorisée, elle est convoquée par le conseil des anciens qui lui ordonne de se rendre à Londres, afin de se rendre compte par elle-même que le monde des humains n’est pas aussi bon que ce qu’elle imagine. A son retour, si elle n’a pas d’arguments pour réfuter cette théorie elle sera définitivement bannie… Pour son voyage, elle est accompagnée par un vieux magicien aveugle nommé Vieille branche… Mais que découvriront-ils au bout de leur quête ?

Par fredgri, le 5 octobre 2020

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Notre avis sur Le grand voyage de Rameau

A la façon des contes philosophiques comme Voltaire pouvait nous en proposer en son temps, Philcil nous entraîne, avec ce très bel album, dans un passionnant voyage initiatique ou la jeune Rameau est "invitée" à découvrir le monde de ses yeux de novice qui ne connait rien d’autre que sa tribu et quelques images qui lui sont parvenues ! Pas grand chose donc sur cet univers d’humain, si ce n’est ses fantasmes de mode, cette envie de ressembler à ces femmes qui portent de si jolies robes et cette impression de grandeur qui l’impressionne, qui l’éblouit… La voilà donc embarquée à dos de poisson, puis de canard, dans une aventure qui va définitivement la transformer, Alors qu’elle sera progressivement confrontée à la reine Victoria elle même, à Beatrix Potter, à l’orateur William Morris et quelques autres qui vont petit à petit lui montrer les richesses du monde des humains, mais aussi sa complexité, la violence comme la bonté… Un univers ni vraiment blanc ni noir, aux antipodes de ce que s’imaginait Rameau, de ses yeux d’idéaliste !

Il n’est donc pas vraiment question de brosser le portrait caricatural d’une humanité qui ne comprend pas l’autre, qui le rejette, mais bel et bien d’appréhender tout ça avec du recul et réalisme. Toutefois, ce monde peut-il convenir à une rêveuse comme Rameau ? C’est bien la question qui nous taraude tout du long !

Il faut dire que Philcil choisit, comme cadre, le Londres de Dickens, qui alterne la misère la plus sordide et la richesse la plus débridée, une période très contrastée, mais aussi propice à mettre en avant des caractères plus passionnels, avec des personnalités qui vont, à leur manière, marquer l’Histoire. A la façon d’un catalogue d’impression, nous glissons donc d’une reine à une écrivain, en passant par un meurtrier… De quoi avoir une palette assez large des aspirations de nos congénères, un portrait vivant et varié !

Dès les premières pages on est surtout transporté par la beauté des planches, des ambiances colorées, du travail extrêmement fin de l’artiste. On entre dans l’histoire comme dans un conte que l’on se raconte enfant, on découvre ce mini-peuple et ses croyances, puis nous rencontrons la jeune Rameau et ses aspirations rebelles. C’est beau, fin et touchant. L’écriture est vraiment très enlevée, elle nous entraîne dans ce récit, sans pour autant s’attarder sur les humains, il est surtout question de la jeune voyageuse, de ses compagnons et de ce qu’elle découvre, qu’importe ce qui arrive ensuite à ceux qu’elle croise !

Une belle épopée, édifiante et pleine d’enseignement sur ce monde qui nous entoure, sans pour autant être lourdement moraliste !

A lire sans plus attendre !

Par FredGri, le 5 octobre 2020

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