Le grand Meaulnes

En ce dimanche de novembre, alors que le jeune François Seurel rentre chez lui, il fait la connaissance d’Augustin Meaulnes qui est mis en pension par sa mère dans l’école où son père exerce en tant qu’instituteur. Conquis par la forte personnalité de ce nouvel arrivant, François voit, grâce à ce dernier, l’occasion d’égayer quelque part son existence. En effet, très vite Augustin, surnommé le grand Meaulnes, prend des initiatives qui vont lui faire vivre une aventure qui va bousculer sa destinée ainsi que celle de son camarade de classe François.

 

Par phibes, le 4 novembre 2011

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Notre avis sur Le grand Meaulnes

Qui ne connaît pas Le grand Meaulnes, l’unique roman réalisé par Alain Fournier en 1913, peu de temps avant qu’il ne parte pour la guerre pour ne jamais en revenir. Véritable succès littéraire de portée internationale devenu un classique du genre, ce dernier a été porté bien des fois à l’écran mais n’avait jamais fait l’objet d’une adaptation en bandes dessinées. Grâce à Bernard Capo (Tombelaine…), c’est enfin chose faite et le moins que l’on puisse dire est que le résultat se veut des plus agréables.

Bénéficiant de la bénédiction d’Agathe Rivière Corre, descendante du romancier, qui intervient au présent dans un préambule honorifique et également dans un épilogue dense et biographique, Bernard Capo a eu la rude tâche de transposer un ouvrage on ne peut plus fourni en un autre de moins de 60 pages. La tâche est donc ardue, la césure d’importance, l’auteur étant obligé de faire des coupes sombres dans la puissante prose du récit original.

A ce titre, l’histoire est certes rapide mais se déroule au gré d’un découpage conforme à l’architecture du roman. De l’arrivée du grand Meaulnes à ses retrouvailles finales avec François, en passant par les nombreuses étapes aventureuses et amoureuses dont le personnage central est à l’origine (le domaine mystérieux, la rencontre avec Yvonne de Galais et de Frantz, les recherches infructueuses du domaine et le départ pour Paris…), Bernard Capo nous assure d’un récit bien homogène, parcouru de transitions adaptées, usant de situations clé bien choisies agrémentées de textes originaux. Alternant harmonieusement bulles narratives et dialogues instantanés, l’auteur mène sa barque dans des ambiances de début du 20ème bien perçues et également d’intrigue amoureuse grevée de drame.

Le style classique ligne claire de Bernard Capo, très inspiré de celui du regretté Gilles Chaillet avec lequel il a eu l’occasion de travailler, convient on ne peut mieux à cette adaptation. Assurément, son trait est adroit, appliqué, proportionnel, enchanteur par la représentativité historique et également bucolique de ses nombreux paysages de la France berrichonne qu’il connaît bien et qu’il dépeint avec générosité. Ses personnages ont également un certain charisme, une certaine sensibilité, dans leur apparat entrant dans une typicité de l’époque concernée (tenues vestimentaires, physionomie…).

Les éditions Casterman et Bernard Capo ont donc été inspirés de se lancer dans une telle opération qui aura le mérite d’appréhender le best seller d’alain Fournier dans une autre évocation non dépourvue d’intérêts. Une adaptation d’un classique littéraire abondamment commentée et réussie.

 

Par Phibes, le 4 novembre 2011

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