GRAND JEU (LE)
Les dieux noirs

En route pour le Cap Hope, la zone du crash du dirigeable Charles de Gaulle, Nestor Serge, journaliste à France-Soir, accompagne la mission de secours et fait une étape au port de Reykjavik. Il est assisté pour la circonstance par le Commander Angus MacPherson des Opérations Spéciales. Grâce aux informations recueillies in extremis de l’un des veilleurs de la Couronne, il est intimement convaincu que ce qui est à l’origine de la destruction du zeppelin est très ancien et fait l’objet d’une protection par les nazis. Suite à une altercation avec un des terribles loups-garous à l’hôpital militaire de Reykjavik et considérant leur couverture éventée, Serge et MacPherson devancent leur plans pour franchir au plus tôt l’entrée des enfers. Mais la partie la plus rude reste à jouer et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas au bout de leurs surprises.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur GRAND JEU (LE) #2 – Les dieux noirs

S’il est une chose indéniable dans cette série, c’est bien le suspense qu’entretient en grand maître Jean-Pierre Pécau. Loin de dévoiler rapidement tous les indices concernant cette inquiétante zone du crash qui bénéficie d’une protection à toute épreuve, l’auteur aligne méthodiquement ses informations et nous prend en quelque sorte en otage de son bon vouloir. Nous avançons donc par à-coup, tantôt recueillant une grosse bouffée de nouvelles explicites situant par exemple les Nazis par rapport au secret polaire, tantôt avalant à la vitesse grand V dans les scènes d’action toute une flopée de vignettes.

S’il maîtrise parfaitement la progression de son suspense, il gère également avec force les liens que pourrait avoir sa fiction avec l’Histoire. Des vikings à l’armistice de 1945, il évoque des faits authentiques pour les intégrer savamment et à sa sauce dans son récit fantastique. On ne pourra que saluer sa tactique qui lui permet de ne pas virer son récit dans un fantastique trop déluré.

Nestor Serge, l’ex-pilote d’avion devenu après la guerre journaliste, subit les événements périlleux et, pour cet épisode, est supplanté par le charismatique MacPherson. Loin de méconnaître tous les faits liés à l’affaire qu’il suit, il trouve en l’écossais un appui de taille pour compléter les trous dans ses données. Par ailleurs, le militaire fort en gueule semble rompu à tous les exercices d’action et nous garantit, à lui tout seul, des séquences décoiffantes et explosives. Grâce à cette frénésie ambiante, on est sûr de ne pas s’ennuyer une seconde.

Léo Pilipovic est un dessinateur qui produit des graphiques admirables, d’un réalisme profond. On ne se lasse pas de décortiquer chaque vignette qui restituent un travail éclairé, plein de punch et de fait, très attrayant. Proche du style comics (il suffit de voir la séquence de la Francisque), il n’en demeure pas moins que son style détonne avec beaucoup d’autres. Dans une colorisation quasi-parfaite, les décors laissent rêveur par leur précision, les explosions sont démoniaques et les personnages bénéficient d’une expressivité presque naturelle. En d’autres termes, que du bonheur pour le lecteur, quoi !

Y a pas à dire, avec cette série et cette brochette d’auteurs émérites, Delcourt nous sort "Le grand jeu". Vivement le 3ème épisode pour voir où on nous amène !
 

Par Phibes, le 16 mai 2008

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