Goliath

Les Israéliens et les Philistins sont en guerre. Afin de désigner les vainqueurs, un combat d’homme à homme est décidé. C’est ainsi que Goliath de Gath, un géant philistin davantage compétent pour l’administration et la paperasse que pour les armes, se trouve propulsé sur le champ de bataille. Accompagné de son écuyer, un gamin âgé de 9 ans, il va tardivement réaliser dans quelle bataille ses chefs l’ont fourré, lui, le 5ème plus mauvais combattant du régiment.

Par geoffrey, le 16 juillet 2014

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Notre avis sur Goliath

Attention chef d’œuvre ! L’auteur, Tom Gauld, est plutôt un habitué du comic strip. Ses critiques à l’humour corrosif et tendrement décalées paraissent régulièrement dans le journal britannique, le Guardian. Pour son premier récit complet, le jeune anglais traite de l’histoire de David et Goliath tirée de la Bible et délivre sa propre version en se focalisant sur le guerrier philistin.

En plus de 80 planches (les pages ne sont pas numérotées), l’auteur nous immerge dans une histoire absurde aux accents à la fois « Monty Pythonesque » et kafkaïens où les soldats veulent organiser un combat entre Goliath et un ours pour empocher des paris, où le roi est trop affairé par sa fête d’anniversaire, où les gradés de l’armée managent comme dans une entreprise moderne.

Comme à son habitude, le style de Tom Gauld interroge. Les dessins naïfs, les cases presque vides et le peu de dialogue peuvent décevoir les « aficionados » de la prouesse technique. C’est que la signification est à rechercher ailleurs. La surprise émerge de la ligne claire, des touches minimales chirurgicalement appliquées, et prend vie à un rythme patient impeccablement maîtrisé. L’important ne se situe pas dans ce qui est montré, mais dans les vides laissés par le dessin épuré de Tom Gauld, dans ses ellipses entre les mots.

Pourquoi Goliath reste-t-il enchaîné à son sort ? L’auteur finit par dresser un miroir devant le lecteur, lui reflétant sa propre condition, lui renvoyant en plein ce questionnement. Avec ce Goliath, initiatique et lunaire, Tom Gauld touche au personnel comme à l’universel. Pas mal pour une première œuvre !

Par Geoffrey, le 16 juillet 2014

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