Goat mountain

Automne 1978, Californie. Un garçon de 11 ans, son père, son grand-père, et un ami, partent chasser le cerf à Goat Mountain. Pour le jeune homme, ce doit être une première, une expérience inoubliable, et l’occasion d’être à la hauteur du clan familial.
Mais tout va basculer subitement, plongeant les quatre personnages dans un enfer, au cœur de ce paysage sauvage…

Par v-degache, le 31 mars 2022

Notre avis sur Goat mountain

Un garçon de 11 ans, son père, son grand-père, et un ami de la famille, Tom, partent à la chasse au cerf à Goat Mountain, dans le Nord de la Californie. Cette chasse devient un rite initiatique familial, uniquement masculin, auquel n’échappe pas le jeune homme, habitué à cette virilité, et à l’absence de toute femme autour de lui, sa grand-mère étant décédée, sa mère partie…

L’album commence comme un hommage aux grands espaces des Etats-Unis, à sa sauvageté, au désir incessant de maîtriser celui-ci, rappelant que les Etatsuniens sont historiquement liés à la nature. On se croirait au début du Délivrance de John Boorman, et, tout comme dans celui-ci, les choses dérapent, ici lorsque l’enfant appuie sur la détente, alors qu’il a au loin un intrus au groupe, un braconnier, dans son viseur. Les auteurs ne jouent pas avec un suspensecentré sur un rodeur qui hanterait la vie du groupe. Son apparition est soudaine, tout comme sa disparition, et ceci dès les premières pages. Les enjeux du scénario sont ailleurs !

Du côté de ce gamin, immédiatement, aucun regret d’avoir tué, ceci est naturel, pas de culpabilité, certainement quelque chose qu’il tient du paternel… ou du grand-père à la figure omniprésente et menaçante.

Que faire ? Se dénoncer ? Enterrer le corps et oublier ? Que décider ?

Le quatuor va ainsi évoluer et se questionner, les lourds liens familiaux se révéler. Une histoire américaine, liant les hommes depuis la naissance de cette nation à la violence, à l’appropriation de son territoire.
Les dessins du Belge Georges van Linthout, et les couleurs de O. Carol, sont efficaces, souvent bi colores, jouant sur un contraste entre le noir et le rouge. Et quand, ponctuellement, les couleurs reviennent et que le paysage s’éclaire, on plonge vite à nouveau dans le tréfond de l’âme humaine.

Adapté du roman de l’Américain David Vann (Goat Mountain, Éditions Gallmeister, 2014), qui avait déjà eu les honneurs du 9ème Art avec Sukkwan island (Ugo Bienvenu, Denoël, 2014), Goat Moutain happe son lecteur avec ce huis clos se déroulant pourtant au cœur de la wilderness californienne.
L’atmosphère étouffante, la violence présente à chaque instant, l’esprit torturé du jeune garçon faisant face à des figures familiales particulièrement timbrées et envahissantes, et un van Linthout qui parvient à donner corps à toute cette équipée, et à faire ressortir toutes les ambiguïtés relationnelles, font de cette adaptation un album fort et puissant !

Par V. DEGACHE, le 31 mars 2022

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