Une vie à contretemps

Qu’est ce qui a poussé un jour Glenn Gould, ce pianiste canadien, génie précoce, à un jour abandonner les concerts, les représentations publiques pour se consacrer aux enregistrements en studio et à la production d’émissions de radio ? Nous découvrons dans cet album la vie du musicien, son parcours morcelé qui nous donne quelques pistes…

Par fredgri, le 25 mars 2015

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Notre avis sur Une vie à contretemps

Sandrine Revel nous propose donc de découvrir progressivement cet artiste mondialement connu qui défraya la chronique grâce à la précocité de son talent et à ses interprétations hors du commun à la fois très originales et d’une incroyable modernité. Mais le portrait qu’elle brosse n’est pas linéaire, il va et vient au grès des époques, s’attarde sur le passé puis bondit plusieurs années en avant pour ensuite revenir sur les premiers concerts du jeune artiste. Il s’agit donc bien là d’un hommage qui se construit en suivant le rythme des souvenirs sans s’astreindre à une chronologie trop cloisonnée.
Et le récit est d’autant plus fascinant qu’on parle ici d’un musicien, qu’il est parfois difficile d’appréhender un art comme la musique par le biais d’un médium "muet" comme la bande dessinée. Mais de ce point de vue là je trouve justement que Sandrine Revel s’en tire admirablement bien. Elle concentre son attention sur la gestuel du maître, sur cette sensibilité exacerbée et sur le rapport qu’il entretient dès son plus jeune âge avec la musique et sa pratique extrêmement analytique et précise. Je vous conseille en parallèle d’aller regarder quelques vidéos sur Gould, histoire de mieux appréhender cette démonstration et la finesse de ses prestations !

Mais cette structure a aussi tendance à ne pas focaliser sur cette vie dans son ensemble, à ne garder que les points les plus importants ou tout du moins les plus porteurs en terme de vision ! Du coup les mimiques de Gould sont perçues comme des excentricités et non comme une sorte d’évolution pathologique, une forme d’asociabilité chronique qui amène petit à petit le musicien à se couper des gens ! On a émis depuis l’idée que Gould souffrait d’une forme de trouble envahissant du développement appelé plus communément "le syndrome d’Asperger", ce qui en effet permettrait d’expliquer plus concrètement son comportement parfois surprenant et déstabilisant !

Mais au delà même de de cette personnalité complètement atypique l’album met aussi en avant l’incroyable sensibilité de Sandrine Revel qui s’immerge dans le jeu de Gould, qui tente de retranscrire au mieux cette émotion qu’elle ressent en écoutant ces musiques, en suivant ses mains glisser sur les touches du piano. Il y a quelques planches qui ne sont constituées que de gros plans sur les mains, c’est vraiment fascinant et très immersif !
De plus, elle a opté pour un traitement graphique très doux, tout en nuance, qui nous propose régulièrement des cases absolument sublimes, très évocatrices. Une très belle œuvre, à la fois respectueuse et touchante !

En refermant l’album, on a le sentiment d’en avoir appris beaucoup sur Gould tout en prenant bien conscience qu’il a gardé tout du long ses petits mystères… Mais surtout, on a maintenant envie de le découvrir en tant que musicien.
Le pari de Sandrine Revel est donc réussi !

Par FredGri, le 25 mars 2015

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