Gisèle et Béatrice (2018)

 
Harcelée sexuellement et menacée de ne pas obtenir la promotion qu’elle mérite pourtant, Béatrice va tenir sa vengeance quand, lors d’un RDV avec lui, elle va faire boire à son salaud de patron une substance qui… le transformera en femme !

De dominant, celui qui était jusque-là un exécrable boss va passer à dominé. Tout entier à la merci de son employée qui aura pris le soin de rendre crédible sa disparition et d’en faire un individu vulnérable, il répondra désormais au prénom de Gisèle et n’aura d’autre choix que de rester auprès de sa "maîtresse" qui, pour lui annoncer la couleur, commencera par l’obliger à faire le ménage chez elle…
 

Par sylvestre, le 4 juillet 2018

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Notre avis sur Gisèle et Béatrice (2018)

 
Dans cette fiction où une pichenette fantastique permet un spectaculaire changement de rôles, l’arroseur est arrosé et le harcèlement change de camp. Béatrice l’employée docile devient la dominatrice de son patron qui n’en mène plus large dès lors qu’il se retrouve dans des situations qu’il fait d’ordinaire subir à ses victimes. Même si le dessin est tout en rondeurs et que le propos ne s’interdit pas d’être émoustillant, on ne perdra pas de vue que Gisèle et Béatrice n’est pas exactement une fiction érotique mais bien une critique édulcorée de notre société où les hommes se croient encore parfois supérieurs aux femmes qu’ils considèrent comme devant répondre à tous leurs caprices, y compris les plus avilissants. Critique édulcorée, disais-je, parce que si Béatrice s’est effectivement rendue maîtresse de son ex-boss, elle nous est montrée presque encore trop gentille puisqu’elle finit par s’attacher à lui et par l’aimer, lui qui, au départ, était pourtant tout ce qu’elle détestait !

Le sujet est grave mais il est traité avec beaucoup d’humour et de légèreté. Le scénario est bien conçu : outre les "impossibilités" sur lesquelles il s’appuie, liées au pouvoir de la substance qu’a fait boire Béatrice à son patron, il nous fait accepter des données qui, en réalité, "passeraient" moins bien. Par la psychologie de ses personnages, par exemple : l’ex-boss se retrouve finalement otage volontaire puisque sa condition de clandestine kholdave l’empêche d’être imprudent… Ou par la "mise en sourdine d’une certaine logique de la vraie vie" : un avis de recherche aurait été lancé si, comme Béatrice l’a organisé, un homme avait disparu avec la caisse de sa société !

Cet album est paru initialement en 2013. Toujours dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis, il a été réédité dans un format différent en 2018 et "remet le couvert" après que les vagues #balancetonporc et #metoo ont ébranlé notre société occidentale. Il cotient, comme l’EO, un cahier graphique en fin d’ouvrage.
 
 

Par Sylvestre, le 4 juillet 2018

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