GIL JORDAN, PRIVATE DETECTIVE: MURDER BY HIGH TIDE
Murder by High Tide

(Traduction des tomes 3 et 4 de Gil Jourdan: "La voiture immergée" et "Les cargos du crépuscule")
Un album de 90 pages qui rassemble deux histoires du détective Gil Jordan (à la base il s’appelle Gil Jourdan). Dans la première il est engagé pour découvrir qui a bien pu tuer un antiquaire qui s’est noyé alors qu’il rejoignait la tour du "Merrie Knight", une ile seulement accessible par un chemin de 8 km immergé la plupart du temps à cause de la marée. Dans la seconde histoire, Gil va devoir, avec ses amis, poursuivre un évadé, Joe the needle, qui s’est juré de faire payé son emprisonnement à son avocat…

Par fredgri, le 12 juillet 2011

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Notre avis sur GIL JORDAN, PRIVATE DETECTIVE: MURDER BY HIGH TIDE #1 – Murder by High Tide

Comme je le signalais dans l’avis sur Sibyl-Anne, toujours chez Fantagraphics, depuis quelques années déjà l’éditeur américain entreprend une véritable démarche de reconnaissance du patrimoine mondial de la Bande Dessinée. Que ce soit avec leur albums archive (Prince Valiant, Peanuts, Krazy Kat etc.), avec leur traduction d’œuvres étrangères, il se positionnent vraiment comme le chantre d’une histoire en cours qui prend conscience de ses précurseurs, de ses maîtres.

On a vu arriver dans leur catalogue des auteurs comme Tardi, Trondheim, David B ou même Dupuy et Berbérian, cette fois ils ouvrent leur porte à l’école de Marcinelle, en revenant sur des monuments de la BD franco-Belge comme, pour l’instant, Sibylline (qui devient Sibyl-Anne) et Gil Jourdan (qui devient Gil Jordan). La démarche est assez exceptionnelle pour être à la fois soulignée et saluée. Cette production, reconnue ici, par toute la critique, n’en est pas moins un phénomène assez local. Et voir du Tillieux traduit en anglais et présenté dans un catalogue aussi prestigieux que celui de Fantagraphics ne peut qu’attirer notre attention.

Et le choix de ses deux aventures est particulièrement judicieux. En effet, on peut y découvrir tout le talent et la maestria de Tillieux qui ici, démontre qu’il est non seulement un remarquable dessinateur mais en plus qu’il est un scénariste particulièrement habile. Les deux histoires s’inscrivent dans une veine très classique, certes, mais néanmoins, elles sont captivantes aussi. C’est très rythmé, avec beaucoup de suspense, on a presque parfois l’impression d’être dans une sorte de whodunnit !
Alors en quoi est-ce un classique et en quoi cela méritait-il de figurer dans une collection vintage chez Fantagraphics ? Tout d’abord, parce que Gil Jordan s’inscrit dans la fameuse école de Marcinelle, mais dans une veine réaliste. Que Tillieux respecte à la fois les codes de cette BD franco-belge, mais qu’en plus il y rajoute des ambiances polar. Bien sur on y retrouve les gimmicks habituels comme le comparse rigolo et gaffeur, la secrétaire au caractère bien trempé etc. Gil Jordan demeure donc une excellente introduction à cet âge d’or de la BD franco-belge. Je rajoute qu’en plus, pour un public américain, il s’agit ici d’une BD qui ne s’enlise pas trop dans des effets d’époque, ni dans un contexte historique lourd. Non c’est intemporel et très accessible.

Fantagraphics propose donc, ainsi, un nouveau regard vers l’identité culturelle d’une BD aux antipodes de ce qui se trouve aux Etats Unis. Car, non, nous ne sommes pas seulement devant du bête "Gros nez", il s’agit ici d’une empreinte culturelle très riche. Je ne sais pas quel impact ce genre d’album peut vraiment avoir sur un lecteur américain. Je me doute bien que de toute façon, cette collection s’adressera tout d’abord à un lectorat convaincu et suffisamment ouvert pour aller vers des horizons non balisés. mais je reste attentif aux futures propositions qui viendront agrémenter le catalogue…

Keep watching et Bravo à eux !

Par FredGri, le 12 juillet 2011

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