GESTE DES CHEVALIERS DRAGONS (LA)
Naissance d'un empire

A l’issue de la guerre contre les Sardes, la moitié des terres impériales ont été cédées aux vainqueurs et à leur chef barbare Louis. Plus de deux ans après cette scission, ce dernier a décidé de créer son propre empire en restaurant la cité d’Arsalam. Évidemment, cette décision n’est pas pour plaire à Helsana, l’impératrice en titre de tout le territoire millénaire partagé. Aussi fait-elle appel, par l’intermédiaire d’un haut militaire, au diplomate, le duc Lorta, qui a ses entrées à la cour de Louis et lui demande d’analyser la situation chez son adversaire. Compte tenu des nombreuses tensions intestines qui existent au sein de ce nouvel empire rival et qui tendent à confirmer la difficulté de se construire normalement, il est dans les projets d’Helsana de profiter de la fragilité de son ennemi très hétéroclite pour lui déclarer la guerre et obtenir, de fait, sa revanche. Lorta va donc devoir donner son point de vue sur ce qui se joue chez les Sardes. Pour cela, installé dans la cité d’Arsalam, il fait jouer ses réseaux et entame une longue prospection. En commençant par l’ordre local des Chevaliers Dragons, bien désorganisé, qui se veut en total désaccord avec le potentat.

Par phibes, le 7 août 2015

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Notre avis sur GESTE DES CHEVALIERS DRAGONS (LA) #20 – Naissance d’un empire

Force est de constater que les albums se suivent et… se ressemblent au niveau de la qualité scénaristique. Toujours bien inspiré par cet univers d’heroic fantasy dont il a la charge depuis 1998, le duo Ange (Anne et Gérard), pour la 20ème fois, revient sur le devant de la scène et nous gratifie d’une histoire complète ayant trait à leur ordre de prédilection (les Chevaliers Dragons).

Ce nouveau volet a la particularité de s’inscrire juste après les aventures conflictuelles décrites dans les tomes 17 et 18, c’est-à-dire quelques années après la sanglante invasion des Sardes et la déchéance d’Arsalam. Ange nous introduit dans cet après-guerre où de nombreux changements territoriaux s’opèrent à commencer par la naissance d’un nouvel empire aux fondations bien fragiles qui vient titiller sérieusement celui déjà en place depuis des millénaires. A cet égard, Ange imagine une équipée portée non pas par une chevalière dragon mais par un diplomate agent double très habile, mandaté pour analyser l’état de l’empire naissant.

Il ne fait aucun doute que cette nouvelle aventure bénéficie d’une consistance singulièrement profitable. A commencer par la richesse des dialogues qui viennent épauler l’introspection souterraine du Duc Lorta dans les affaires du barbare Louis et qui caractérise tout particulièrement le pouvoir manipulateur du diplomate. De même, la façon de faire intervenir les différents indics est digne d’intérêt, dans des évocations explicites pour camper les relations conflictuelles entre Louis, ses pairs et l’ordre des chevaliers dragons.

Aussi, encore une fois, l’ennui n’est pas de mise, tant le récit est assis sur une structure remarquablement calculée et sur des péripéties multiples. Il va de soi, comme le veut le concept de la saga, que l’analyse politique du nouvel empire passe également par nombre d’actions plus ou moins percutantes et pas des moindres puisque le gigantesque dragon a encore droit au chapitre.

Pour la deuxième fois dans la série, Looky assure la partie graphique (voir le tome 11). Pour le moins que l’on puisse dire est que ce jeune dessinateur, à l’origine de la mise en images de sagas telles La Belle et la Bête, Hercule, Nocturnes rouges…) use d’un trait réaliste parfaitement maîtrisé et assurément riche, relevé par un encrage fin et une colorisation chaude. Si ses apparitions monstrueuses et sanglantes font sensation, ses personnages ont beaucoup de charisme grâce à une expressivité que l’on sent recherchée et à un mouvement dominé. Ses décors sont également travaillés, bénéficiant d’un détail qui donne un relief très profitable à ses planches.

Un 20ème tome réussi qui permet à la saga de conserver un degré d’intérêt constant et qui conforte le talent de tous les auteurs participants.

Par Phibes, le 7 août 2015

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