GENTLEMIND
Episode 1

En 1939, à Brooklyn, Navit file le parfait amour avec l’illustrateur de presse Arch Parker qui le lui rend bien à coup de crayons. Sans ressource, ce dernier est en quête d’un emploi de graphiste. Après de nombreux rendez-vous infructueux, il échoue incidemment chez le vieux milliardaire HW Powell qui possède entre autre autres la revue Gentlemind, revue dédiée aux hommes. Le magnat tombe en extase devant les croquis de Navit et exige de la rencontrer pour qu’il soit embauché. Ainsi commence sa carrière de dessinateur de presse. En 1940, Arch couvre les grands procès, croquant les personnes qui participent aux plaidoiries tel l’avocat de renom Waldo Trigo. Toutefois, la relation avec Navit s’est assombrie si bien qu’il a décidé de partir pour l’Europe qui est en guerre. La jeune femme quant à elle, s’est rapprochée de HW Powell au point d’en devenir sa maîtresse et son épouse en 1942. Quelques temps après, lorsque celui-ci décède, Navit se voit la proie des avocats de la famille Powell qui souhaite l’écarter de la succession. Grâce à Trigo, elle finit par trouver un arrangement financier ainsi que la récupération de la revue Gentlemind. A partir de la fin de 1943, Navit décide de relancer le magazine masculin au plus bas dans l’intérêt du public. Mais comment faire ? Waldo Trigo va la soutenir dans sa démarche.

Par phibes, le 21 novembre 2020

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Notre avis sur GENTLEMIND #1 – Episode 1

Quand le scénariste de Blacksad rencontre la créatrice de Sorcellerie et de Curiosity Shop et qu’ils s’associent à l’animateur de La fleur dans l’atelier de Mondrian, voilà ce que ça donne : une fiction magnifique conjuguée au féminin sur fonds de rêve américain. Prévue pour se décliner en deux volets, celle-ci met à l’honneur une femme, Navit, qui va nous associer à son parcours émancipateur pour le moins atypique entre une flopée d’hommes qui ne sont pas tous forcément prêts de l’aider.

Dès les premières pages, nous tombons sous le charme de ce récit qui nous entraîne à la découverte des personnages qui vont animer cette équipée à travers les années 40. Sous le couvert d’une société américaine en pleine expansion, les péripéties évoquées dans les vingt premières pages permettent surtout d’installer les personnages avant que Navit entame son émancipation. A l’appui d’un alternat efficace, entre un amour douloureux (Arch Parker) et une rédemption (Waldo Trigo), la belle choriste du Powell Follies tente de trouver sa voie et nous sensibilise à ses succès jusqu’à trouver enfin sa véritable place dans l’aventure, celle concernant la gestion du fameux Gentlemind. Par ce biais, la véritable équipée commence.

Force est de constater que cette première partie se révèle des plus agréables à parcourir. En effet, Juan Diaz Canalez et Teresa Valero trouve la justesse des mots, des situations qui permettent de camper le cadre ambiant et de sensibiliser le lecteur. Tout en flirtant avec le drame, les coscénaristes parviennent à donner un souffle à leur récit, un souffle qui, bien entendu, est suscité par une femme, par son combat déséquilibré, par sa force de caractère et qui va l’entrainer de zéro jusqu’au succès.

Cette histoire passe le superbe travail graphique d’Antonio Lapone. Ce dernier nous replonge dans son univers stylisé on ne peut plus remarquable. On sera subjugué par ce fourmillement de détails qu’il dispense dans toutes ses vignettes jusqu’à ses doubles planches, démontrant ainsi tout d’abord son aisance picturale mais aussi sa volonté d’aller au plus profond du message qu’il délivre (historiquement, psychologiquement). De même, on restera impressionné par l’animation de ses personnages aux effigies originales, par l’excellente colorisation qui apportera un relief particulièrement appétissant.

Un premier épisode sur la renaissance d’un journal menée tambour battant par une jeune femme que l’on a envie de retrouver urgemment dans la seconde partie. Un réel plaisir de lecture !

Par Phibes, le 21 novembre 2020

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