GENETIKS
Tome 2

Dans un futur proche.
Genetiks est un laboratoire pharmaceutique, un gigantesque trust en fait, dont la puissance financière est bien supérieure à nombre d’états du tiers-monde.
Thomas Hale est l’un des milliers d’employés de ce laboratoire. Comme tous ses confrères, il a consenti à donner une goutte de son sang à son employeur.
À partir de cette goutte, les chercheurs du laboratoire vont décoder l’intégralité du génome de Thomas Hale…
Comme la goutte de sang est propriété de Genetiks, Thomas va devenir, de façon implicite, le premier homme privatisé, propriété du laboratoire pour lequel il travaille.

Coup d’éclat médiatique ou première étape d’une dérive incontrôlable ?

Car Andréas Martin, propriétaire de Genetiks, semble ne pas avoir l’intention de s’arrêter là. Son but est de circonvenir l’éthique scientifique pour mener à bien le projet ANQÂ dont l’objectif est tout simplement d’assurer aux puissants de ce monde « la vie éternelle ».
Peut-on encore s’opposer aux plans de Andréas Martin ? C’est ce que Thomas et un mystérieux groupe d’opposants vont tenter de faire… Tenter ou plutôt « croire tenter »… Car Thomas ne semble rien contrôler des événements et de la réalité même dans laquelle il s’agite en vain.

Par Editeur, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur GENETIKS #2 – Tome 2

Le tome 1 de « Genetiks » m’avait littéralement scotché, je connais bien le scénariste Richard Marazano pour avoir collaboré avec lui sur la série « Zéro Absolu », série sur laquelle nous avions tous les deux essuyé les plâtres.

Mais pas de favoritisme ou de copinage dans cette chronique, j’ai une sincère admiration pour ce que sont en train de réaliser Richard et son dessinateur Jean-Michel Ponzio.

Je ne tenterai pas un vague résumé de l’intrigue, il vous suffit chers lecteurs de vous référer aux différents abrégés que vous trouverez sur le Net ou dans vos journaux de BD favoris, qui font ça beaucoup mieux que je ne pourrai le faire.

Le tome 2 vient confirmer au-delà de mes espérances l’excellente impression laissée par le premier opus.

Il y a une volonté d’écrire un thriller d’anticipation avec l’efficacité et la vision d’auteur d’un « Bienvenue à Gattaca », film que l’on doit à Andrew Niccol, brillant scénariste et réalisateur de cinéma. Je me souviens d’ailleurs que nous l’avions vu ensemble Richard et moi en salles en 1997, il y a 11 ans… Nom de Dieu, ça nous rajeunit pas !

Nous avions alors pris une énorme claque. « Bienvenue à Gattaca » est sans doute le meilleur film de SF de Ces vingt dernières années, en dehors du « Sunshine » de Danny Boyle que je place juste au-dessus, mais on n’est pas dans un concours… Je constate avec satisfaction que pour Richard, l’empreinte qu’a laissé ce film ne s’est pas effacée ou ternie au fil des ans, d’ailleurs le héros de son histoire, Thomas Hale, n’est pas sans rappeler sous certains aspect Vincent Anton Freeman, le héros incarné par Ethan Hawke dans Gattaca.

Mais « Genetiks » ne se limite pas à un simple hommage, la thématique développée, si elle a des points communs avec le film en question, amène sa propre réflexion, sa propre vision d’un monde apocalyptique régie par de nouvelles lois bafouant l’éthique actuelle. Pour autant, peut-on parler d’une œuvre visionnaire ? Est-ce réellement le propos ? Doit-on se poser la question d’un hypothétique futur ou juste traverser cette histoire comme lorsque l’on traverse un cauchemar envoûtant ? Toujours est-il que Richard Marazano fait preuve d’un réel investissement dans son œuvre, émotionnel et technique. Que de progression depuis « Zéro Absolu »… Je parle d’investissement émotionnel, car j’ai décelé ça et là quelques petits éléments autobiographiques, parfois relevant seulement de l’anecdote, d’autres fois plus profonds, comme le rapport qu’entretient Thomas Hale avec les femmes.

Il est aussi agréable de constater que l’auteur utilise à bon escient le format atypique dans la production actuelle qui lui a été donné, on peut saluer les éditions Futuropolis, qui offrent à leurs auteurs un espace plus conséquent que dans l’édition traditionnelle, où imposer un 54 ou un 62 pages relève souvent du tour de force.

Le découpage en trois chapitres par album est pertinent et offre un rythme de lecture différent, plus proche du roman, sans tomber dans le côté fleuve du manga, en permettant une lecture tendue et cloisonnée parfaitement justifiée par le sujet choisi.

Je vais maintenant m’intéresser plus particulièrement au dessin de Jean-Michel Ponzio, que j’avais découvert avec la série « Le Complexe du Chimpanzé », autre série de nos deux serial-auteurs qui est en train de se tailler un beau succès public. Je dois dire que personnellement je trouve son travail encore plus pertinent sur Genetiks, là où parfois il me manque un peu d’ampleur dans les décors, un peu de respiration dans les planches avec « Le Complexe du Chimpanzé », ici je suis totalement comblé par ce travail extrêmement rigoureux issu d’une technique hybride. Des acteurs incarnent les personnages, Ponzio auto-génère la plupart des photographies, bidouillant j’imagine pour tout le reste, pour tout ce qui n’est pas à portée de main. Mais peu importe, ce qui est notable est la cohérence qui s’en dégage, et surtout la force. Certains reprochent un côté roman photo… Ont-ils déjà vu et lu des romans-photos pour oser la comparaison ? Interpréter une photo, composer avec des éléments disparates, amener tout au même niveau de réalisme relève souvent de l’exploit comme chez un Alex Ross par exemple, et force est de constater que Michel Ponzio remplit parfaitement la tâche. Affine les expressions et la théâtralité de ses personnages par rapport aux tomes précédents, s’améliore au niveau des cadrages, pour nous servir des planches d’une rare efficacité et d’une rare intensité. Je pense notamment à ces pages qui ouvrent et ferment chaque chapitre, où l’on voit deux techniciens en combinaison tailler la bavette dans un décor d’une froideur à vous hérisser les poils.

Genetiks est une œuvre qui mériterait non seulement une reconnaissance critique, mais aussi un vrai succès public. Si tel n’était pas le cas à l’avenir, elle aurait en tout cas, pour ce qu’elle vaut (c’est à dire pas grand chose) toute mon estime.

Par Christophe BEC, le 16 juin 2008

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