Un pavé dans la mer

Le 27 décembre 2008, alors que la plupart d’entre nous se remettait de la Noël et avait en ligne de mire les fêtes de fin d’année, les habitants de Gaza se recroquevillaient eux sous les coups de l’offensive que l’état d’Israël lançait alors contre eux sous le nom "Opération Plomb Durci".

Si c’était la première fois… Mais depuis des décennies, la politique israëlienne a toujours visé à anéantir les Palestiniens qui vivent (et aujourd’hui survivent) sur ces terres dont la surface se réduit de jour en jour comme peau de chagrin au profit de l’expansion des colonies israëliennes. Depuis des décennies, on voudrait nous faire croire que c’est une guerre "normale" que se livrent deux camps ; elle est en réalité une guerre qui met face à face un pays parmi les mieux armés et une population qui n’a plus que son désespoir à opposer aux coups qu’elle prend et aux humiliations qu’elle subit.

Gaza, Décembre 2008 – Janvier 2009 est un de ces ras-le-bol qui s’élèvent de plus en plus fréquemment contre l’inhumanité qu’imposent les Israëliens aux Palestiniens. C’est une manifestation de plus, nécessaire, orchestrée par Maximilien Le Roy qui a rassemblé pour l’occasion les talents d’amis à lui, artistes, afin d’associer leurs dessins à des témoignages recueillis auprès de Palestiniens et à des documents sur l’histoire de ce peuple des Territoires Occupés, et plus précisément celui de la bande de Gaza.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Notre avis sur Un pavé dans la mer

"Opération Plomb Durci". Bien que le nom en hébreu de l’offensive menée en décembre 2008 par Israël contre la bande de Gaza trouve son origine dans la traditionnelle fête juives dite des lumières (Hannoukah), sa traduction française sonne telle que s’en dégagerait presque déjà la notion de haine aveugle guidant Israël contre les Palestiniens. 

"Encore un raid sur Gaza. Encore tant de morts…" On n’y prête plus attention tant ce refrain est récurrent, tant il est devenu quelque chose à laquelle on s’attend. Et pourtant, quelle horreur ! Derrière ces chiffres, derrière ces mots, il y a des gens, des hommes, des femmes, des enfants. Il y a des innocents.

Avec cet ouvrage Gaza, Décembre 2008 – Janvier 2009, Maximilien Le Roy et les éditions La Boîte à Bulles ont fait un boulot extraordinaire. D’abord parce que ce livre ré-explique le contexte général, mais aussi parce qu’il apporte les témoignages très personnels de gens directement touchés. Et ensuite parce que ce livre rassemblant pages de textes et planches de BD est une publication "à chaud", ayant déferlé dans les rayons des librairies quelques jours seulement après la fin de la période couverte par son contenu !

Certains dessins ont quelques années déjà mais collent malheureusement encore trop bien à la situation dénoncée. D’autres ont demandé à leurs auteurs d’aller à contre courant de leur production habituelle (je pense à Carali qui nous a plutôt jusque là fait rire sur des sujets moins sérieux). Des photos viennent aussi remettre de la réalité dans tous ces propos que les dessins, dans ces cas-là, ont involontairement tendance à dédramatiser. Des mini bandes dessinées enfin traduisent en images des témoignages. Certains se ressembleraient presque, mais… est-ce blâmable ? La surpopulation dans ce minuscule territoire qu’est la bande de Gaza oblige des milliers de personnes à vivre les mêmes tristes – et horribles – choses…

Si on n’y trouvait que ces visuels, ce livre serait rapidement lu. Mais des témoignages écrits, des correspondances, des interviews, des réflexions, des analyses et des documents viennent équilibrer la maquette de l’ouvrage et ajoutent à l’impact des dessins et des photos les éléments nécessaires à une meilleure connaissance du drame humain qui se joue à Gaza dans une indifférence internationale qui fait grandir notre stupeur au fil des pages.

Et c’est là qu’on décèlera les indices positifs que chaque ouvrage sur le sujet présente, mais qui sont néanmoins une véritable preuve d’espoir : la parole donnée également aux Israëliens ; à ceux  qui sont conscients et honteux de l’illégalité de leur politique, de l’inhumanité des actions d’Israël, du déséquilibre entre les puissances des belligérants. C’est là aussi qu’on lira ces appels à notre réaction citoyenne, des pamphlets engagés ou des listes d’observations à faire qui mènent immanquablement à la constatation qu’Israël agit en suscitant de plus en plus la détestation de tout le monde.

Gaza, Décembre 2008 – Janvier 2009 a pour sous-titre "Un pavé dans la mer". Il est en tout cas loin d’être un coup d’épée dans l’eau. C’est un ouvrage sur une situation politique qui ne manquera pas de vous toucher. C’est aussi la courageuse initiative d’artistes, de journalistes, d’enseignants, d’un éditeur… de personnes comme vous et moi… qui veulent donner sa chance à la Paix. Merci, merci pour les Palestiniens.
 

Par Sylvestre, le 11 mars 2009

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