Ganglion & fils

Dans la petite bourgade bretonne isolée de Plouzanec, la vie y est plutôt tranquille. Trop peut-être parce qu’on y tue le temps comme on peut. Malo travaille dans l’entreprise de pompes funèbres appartenant à M Ganglion. Au petit matin, il retrouve son collègue George au bar de la place et à l’appel des cloches rejoignent leur patron à la boutique funéraire. Le hic, c’est que le client est très très rare (pour ne pas dire inexistant) et de fait, l’ennui est de mise. Aussi, pour s’occuper, Georges rend service à certaines personnes en les coiffant et les maquillant ce qui n’est pas pour plaire forcément à M Ganglion. Jusqu’au jour où, enfin, un client se déclare. Malo et George sont de suite mis sur le coup pour s’occuper du défunt. Malheureusement pour eux deux voire trois, l’enterrement de première pompe va se dérouler d’une façon on ne peut plus inattendue et peu professionnelle.

Par phibes, le 7 mai 2020

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Notre avis sur Ganglion & fils

Après Mulo et Ô Pacifique, PoG et Cédrick Le Bihan se retrouvent pour cette fois-ci faire l’adaptation en bande dessinée du roman réalisé par Joël Egloff et s’intitulant Edmond Ganglion & fils.

Cette équipée funéraire a le privilège d’être en totale corrélation avec le concept éditorial de Fluide glacial. En effet, elle se veut volontairement bête et méchante eu égard surtout à la mésaventure du convoi mortuaire que vont vivre les deux employés de la maison Ganglion & fils. A cet égard, l’on concèdera que si l’humour grinçant a une place prépondérante, il se voit englué dans une sorte d’inertie un tantinet dommageable. Ce ressenti est surement dû au fait que les péripéties linéaires se veulent cohérentes avec le cadre ambiant grevé par un ennui presque… mortel.

L’histoire en elle-même est totalement décalée. Elle fait la radiographie d’une bourgade bretonne du bout du monde, qui donne l’impression d’être à l’agonie et qui subit de plein fouet les restrictions de toute sorte. Dans cette ambiance peu encourageante pour le touriste, les personnages ont aussi quelque chose qui leur pèse. Ganglion, cocu notoire sans descendance, est à l’asphyxie, et ses collaborateurs, professionnels de pacotilles, ne sont pas du genre à avoir inventé la poudre. Même le chien de Ganglion qui a droit au chapitre, n’est pas épargné.

Les situations auxquelles on assiste, entre se révèlent dans une saveur particulière, assurément ragaillardie par des tirades et quelques jeux de mots dont certains, en lien avec le commerce de la mort, ne sont pas piqués des vers. De plus, quelques rebondissements servis çà et là ont la spécificité de bien nous prendre au dépourvu.

La partie graphique a son charme. Cédrick Le Bihan joue la carte du semi-réalisme maîtrisé, colorisé informatiquement, faisant preuve d’un certain dépouillement mais d’une grande netteté. L’artiste joue assez subtilement sur les espaces, traçant des perspectives qui ont tendance à amplifier les arrière-plans.

Une adaptation à l’humour noir, qui croque la mort d’une manière volontairement insolente.

Par Phibes, le 7 mai 2020

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