GAGNER LA GUERRE
L'amère patrie

Après avoir rempli sa mission d’assassin et de négociateur pour le compte du Podestat Leonide Ducatore et subi un emprisonnement extrême dans un bagne de l’archipel ressinien, Gesufal Benvenuto, profondément marqué dans sa chair, est de retour à Ciudalia. A son arrivée, il est acclamé par la foule et plus particulièrement par le clan Mastigga dont il a tué précédemment l’un des plus hauts représentants. La surprise est donc totale et Benvenuto n’aspire qu’à une chose, celle de se ressourcer. S’il bénéficie d’une certaine reconnaissance de Ducatore pour son travail, il se voit taquiné par la fille de ce dernier qui espère, de sa part, un moyen de nuire au Macromuoro, le peintre qui réalise son portrait. D’autres viennent également le déranger dans sa convalescence, comme la guilde des chuchoteurs, le frère de Mastigga et enfin Dilettino, le fils du sénateur Schernittore, qu’il corrige sévèrement. Autant dire que ses dernières exactions vont mettre en colère le Podestat qui va profiter d’une visite au parlementaire pour évoquer ses intentions machiavéliques.

Par phibes, le 30 mars 2021

Notre avis sur GAGNER LA GUERRE #3 – L’amère patrie

Après un périple au royaume de Ressine pour le moins marquant (voir pour cela le tome précédent), l’homme de main du podestat Ducatore, Gesufal Benvenuto, revient meurtri au pays ciudalien pour tenter d’y retrouver un certain repos. Mais son mandataire qui l’a quelque peu trahi dans la mission qu’il lui a confiée a décidé de le gratifier tout en l’associant à de nouveaux projets.

Frédéric Genêt poursuit donc l’adaptation du roman de Jean-Philippe Jaworski et ce, avec une habileté incontestable. Ce troisième volet, comme les précédents d’ailleurs, ont le mérite de nous immerger dans un monde imaginaire aux ambiances de renaissance italienne grevé de manigances à grande échelle, de complots, de conflits meurtriers et d’une subtile touche de magie. A ce titre, le personnage principal, Benvenuto, continue à nous interpeler dans son parcours pour le moins chaotique assurément orchestré par un podestat particulièrement habile pour œuvrer dans l’ombre.

Ici, le retour de Benvenuto à Ciudala se veut être synonyme de transition dans l’histoire et également de relance. En effet, eu égard aux péripéties en terres ressiniennes vécues antérieurement, le truand pourrait bénéficier d’un temps de repos bien mérité. Malheureusement pour lui (et heureusement pour le lecteur !), il n’en est rien, ce personnage cassé haut en couleurs qui a intrigué avec l’ennemi va devoir une fois de plus donner de lui-même. De fait, nous assistons, sous le couvert de dialogues bien percutants et cyniques à souhait, à de nombreux faits, confrontations parfois fortes et magouilles politiques dans lesquels trempe inévitablement l’homme de main du podestat et qui ont le privilège de maintenir une animation et un intérêt constant.

Il va de soi que le travail graphique signé également par Frédéric Genêt reste toujours aussi efficace. L’artiste use d’un style réaliste et d’une dynamique ambiante qui servent profitablement l’aventure. Tout en utilisant des plans audacieux, un détail historique subtilement géré et des personnages puissamment caractérisés, il donne l’impression de jouer avec ses crayons d’une manière libérée.

Un troisième volet de choix pour une adaptation fantasy qui se veut énergiquement orchestrée. Un excellent divertissement porté par un Don Benvenuto et un Podestat réellement ravageurs !

Par Phibes, le 30 mars 2021

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