FUTURS DE LIU CIXIN (LES)
Proies et prédateurs

Dans un futur proche, un objet non identifié fonce à grande vitesse sur la Terre. L’ONU diligente via une résolution d’urgence l’intervention des troupes de défense spatiale commandées par le colonel Dongfang Zhiyan. Alors que l’objet a stoppé sa course, il est intercepté par les militaires. Avec stupeur, ces derniers découvrent un cristal qui, après l’avoir touché, fait apparaître en son sein une entité qui les avertit d’un grand danger. En effet, la Terre est menacée par l’arrivée prochaine d’un astéroïde en forme de couronne qui s’apprête à la dévorer. Le cristal est amené auprès des instances mondiales auxquelles il explicite le sinistre mode opératoire de l’astre et son arrivée dans un siècle. Quelques temps après, un aéronef mystérieux fait irruption dans le ciel de New York et provoque la désolation en atterrissant au siège des Nations Unies. De son bord, sort une effrayante créature qui se déclare plénipotentiaire du Grand Empire Dévoreur qui va engloutir la planète bleue et qui, à ce titre, vient discuter de la fin programmée de l’humanité. Le colonel Dongfang Zhiyan va tenter de s’opposer à l’objectif de cet agresseur impitoyable.

Par phibes, le 3 novembre 2022

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Notre avis sur FUTURS DE LIU CIXIN (LES) #6 – Proies et prédateurs

Liu Cixin, romancier de science-fiction chinois à succès, trouve pour la sixième fois l’occasion d’être adapté en bandes dessinées grâce à la Maison Delcourt. Cette fois-ci, sous le couvert du talent conjugué de Jean-David Morvan, scénariste émérite et de Yang Weilin, dessinateur chinois issu de l’animation, c’est au tour d’une nouvelle intitulée en français Proies et prédateurs qui fait l’objet d’une restitution illustrée.

Comme on pouvait s’y attendre tant le romancier chinois est pourvu d’une imagination débordante, le récit que le lecteur est appelé à parcourir brille une fois de plus par son originalité et sa haute technicité. Le sort de l’humanité se trouve à nouveau sur la sellette, cette fois-ci par l’arrivée d’un astéroïde surnommé le Dévoreur qui doit absorber toutes les ressources de la Terre. En attendant, son intervention fatale, ladite humanité doit composer avec un ambassadeur pour le moins coriace et menaçant.

L’invasion extraterrestre à laquelle nous assistons se veut pour le moins bien gérer en temps forts. Dans des ambiances d’agressions sauriennes qui ne sont pas sans rappeler celles auxquelles on a pu être associé avec la série télévisée « V », le récit ne tarde pas à mettre en opposition directe deux personnages clés que sont Grandes Dents et le colonel Dongfang Zhiyan. Bien que l’on soit peut-être surpris de la façon dont cette opposition (assez littérale) a été agencée, l’on concèdera que la tension reste palpable du début jusqu’à la fin, surtout quand il s’agit de savoir si le monde terrestre est à même de lutter contre une « couronne » spatiale boulimique.

Il va de soi que l’intrigue ne se résume pas à une seule opposition car elle se veut accompagnée d’une impressionnante thèse éclairante sur les différentes étapes d’absorption terrestre et sur la réponse mesurée dictée par l’humanité pour contrer le danger. Aussi, telle la Terre elle-même, on se laisse absorber par ce jeu sinistre entre les deux protagonistes et on espère…

Graphiquement, Yang Weilin réalise une représentation de grande qualité. Assurément apte à travailler dans des dispositions réalistes et à user de plans avertis, l’artiste vient ici donner les effets qu’il sied à pareille intrigue de science-fiction. Ne plaignant pas le détail et sachant faire preuve d’imagination (bizarrement quand il s’agit de Cristal dont l’effigie tranche avec le reste), son trait plutôt sombre met en exergue une tension permanente qui pèse de tout son poids sur la thématique ambiante. Ses personnages (et plus spécifiquement le colonel) et ses créatures (Grandes-Dents) possèdent, dans leurs grandes différences, une aura bien subtile et, qui, en soi, se complètent parfaitement.

Une adaptation d’une nouvelle de Liu Cixin à dévorer dans tous les sens du terme.

Par Phibes, le 3 novembre 2022

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