La frontière

En 1893, sur le territoire du Nouveau Mexique, une très jeune « pistolera » borgne arrête une diligence après avoir perdu sa monture. Plutôt rebelle et malodorante, elle dévoile son identité à ses nouveaux compagnons de route. Elle s’appelle Geronima Uranza et suit un but bien précis, celui d’atteindre la bourgade de Golden Spittoon et y libérer sa mère détenue par un tortionnaire de la pire espèce. Mais pour cela, elle doit franchir l’inquiétante « frontière », véritable barrière faite de poussière et de vent. Le territoire torturé qu’elle découvre alors, grevé soi-disant par les assauts incessants des sept plaies de l’Égypte, va l’obliger à se mesurer à celui qui se fait appeler Bloody Christmas, un ténébreux personnage aux cadeaux empoisonnés, et découvrir ainsi sa propre destinée.

 

Par phibes, le 18 novembre 2010

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Notre avis sur La frontière

Pour la première fois dans sa grande carrière d’auteur, Philippe Foerster fait une apparition éclairée chez MC Productions sous le label Quadrants Azimut. A cet effet, il produit un one-shot aux ambiances de western mêlées d’une grosse louche de fantastique et d’une rincée de culte vaudou.

Certes l’artiste ne fait pas dans la dentelle pour nous dévoiler le fondement dramatique de sa nouvelle aventure qui se révèle sous le thème sensible de la recherche d’une fille pour sa mère. Les péripéties qui s’ensuivent portée par une jeune fille mal embouchée, intrépide et habile aux pistolets, nagent dans une dureté narrative assez oppressante et dans une sorte de hallucination collective entretenue sciemment.

Le ton est donc cinglant, cultive une acidité qui a son charme et noie les nobles sentiments de la quête dans une gangue de noirceur inextricable enrobé d’une fine pellicule d’humour crissant. Tout en utilisant un verbiage qui lui est propre et qui, ici, freine un peu le déroulement de l’histoire, Philippe Foerster élude toute pitié et nous plonge dans un monde sans scrupule aux intervenants peu ragoûtants, composé de brutes épaisses, implacable, où même les jeunes gens tels Geronima se révèlent de véritables tueurs.

Le lecteur devrait y trouver son compte dans la manière où l’aventure au déroulement assez conventionnel prend de temps à autre des envolées surprenantes quant à l’insertion étonnante et judicieuse de quelques clins d’œil (à des cultures, des faits ou des personnages réels). De même, s’agissant d’un western, l’amateur d’actions devrait être rassasié par les nombreux échanges sanglants auquel il sera confronté.

Si au niveau narratif, Philippe Foerster a de la ressource, sur le plan graphique, il se montre généreux. Son trait semi réaliste se joue bien agréablement de l’effigie et des proportions de ses personnages et draine une dureté convaincante dans des aplats de noir subtilement employés. Geronima est le protagoniste qui présente une individualité intentionnellement contrastée, de par son image enfantine d’un côté et de ses actions radicales de l’autre et génère une intérêt bien conséquent.

Une histoire complète qui remue et que les adeptes de cet auteur accueilleront avec grand plaisir.

 

Par Phibes, le 18 novembre 2010

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