Frères d'ombre

 
A chacun ses convictions, à chacun ses idées et ses humeurs. Mais quand Alain, contrôleur à la SNCF, entend certains de ses collègues tenir des propos racistes, c’en est trop pour lui et il ne se gêne pas pour leur dire sa profonde désapprobation.

Sera-ce alors pour être en phase avec l’humaniste qu’il prétend être que, très peu de temps après, Alain va venir en aide à un clandestin fraîchement débarqué en France qu’il trouvera caché dans les toilettes du TGV dans lequel il travaille ?

Comme il n’a pas pu obtenir de visa en Algérie, c’est grâce à un réseau de passeurs que Kamel a pu débarquer en France où il veut rejoindre un frère qui y travaille. Alain va l’héberger pour une nuit, le dépanner… Mais peu de temps après, retrouvant Kamel errant et malade, il n’aura pas le cœur à le laisser dehors et l’accueillera de nouveau, le faisant passer à qui veut bien l’entendre pour un collègue en convalescence. Sans savoir quelles conséquences pouvait avoir cette poussée d’humanité, sans mesurer quelles complications voire quels dangers cela pouvait lui amener…
 

Par sylvestre, le 6 mars 2013

Notre avis sur Frères d’ombre

 
Alain est un homme ordinaire mais il va très vite gagner à nos yeux de lecteurs son statut de héros. Pas mécaniquement parce qu’il est le personnage central d’une histoire, aussi extraordinaire soit-elle, mais parce qu’il va agir "dans la vraie vie" avec son cœur et avec sa conscience au risque de se mettre en porte-à-faux avec ses collègues, avec la loi, voire avec lui-même. Il va prendre des initiatives qui vont faire que sa vie normale va devenir palpitante.

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy encore, porter assistance à des "Sans Papiers" tombait sous le coup de la loi : les "bons Samaritains" pouvaient alors être fichés par les services de Police qui, grâce à cette menace, allaient en toute bonne conscience et en toute légalité dans le sens de la non-assistance à personne en danger, ou au moins dans le besoin. Ceux qui aidaient devenaient complices de quelque chose de répréhensible. Délit de solidarité ! Coupable d’aider son prochain ! De quoi s’insurger. Les choses semblent devoir changer un peu sous le gouvernement Hollande sur ce point-là, mais dans ce genre de dossier, gardons-nous bien d’applaudir avant d’avoir vu… A suivre, donc.

Frères d’ombre est une fiction bien menée et en cela prenante. Mais elle est dopée aussi avec des éléments "phobie du terrorisme" qui viennent se greffer. Était-ce bien nécessaire ? Peut-être n’y aurait-il pas eu besoin d’ajouter cela pour que l’histoire reste captivante. Peut-être même n’y avait-il pas besoin d’inventer ce scénario quand des tas d’autres, bien réels, peuvent se trouver par exemple dans les témoignages de militants RESF qui ont eux aussi dû enfreindre la loi pour aider des clandestins ?!

On peut comprendre les auteurs qui ont voulu faire d’une pierre deux coups : leur récit promettait ainsi plus de rebondissements et de suspense. Mais en étoffant leur histoire, peut-être ont-ils étouffé un premier sujet au profit d’un second. Qu’à cela ne tienne. L’intention est bonne et a le mérite de montrer aux lecteurs que de telles situations et de tels comportements peuvent exister.

C’est une belle histoire d’initiatives, d’engrenages, de doutes et de confiance. Écrite par Jérôme Piot, dessinée par Sébastien Vassant, et à découvrir aux éditions Futuropolis.
 

Par Sylvestre, le 6 mars 2013

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