FRATERNITY
Livre 2/2

Depuis la capture de la bête dans la forêt, la communauté de New Fraternity est en plein déchirement au grand dam de son créateur affaibli Mc Corman. Ses membres sont en plein doute, leur modèle de société connaissant en ces heures de crise une montée de violence (dans les pensées et les gestes) sans précédent. La disette sévissant, chacun y va de ses initiatives difficilement contenues par les quelques partisans à Mc Corman dont font partie Fanny et Alexander. Dans ce contexte pesant, Joshua est le premier à se rebeller et à commettre l’acte irréparable, celui qui va précipiter dans une débauche de sang et de folie, l’anéantissement total d’un idéal communautaire. C’était en 1863 !

 

Par phibes, le 16 novembre 2011

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur FRATERNITY #2 – Livre 2/2

Après un premier tome qui installait déjà le modèle communautaire autarcique de Robert Mc Corman et également les prémices d’une crise intramuros due en partie au conflit d’au dehors (la guerre de Sécession), Juan Diaz Canalez et José-Luis Munuera viennent, avec cet opus, conclure avec brio leur aventure avec New Fraternity.

Ce second épisode nous invite à assister à la déchéance d’un projet idéaliste et se veut atteindre ainsi un degré de noirceur et de drame beaucoup plus lourd qu’antérieurement. A ce titre, c’est dans l’émergence des tensions et dans leur éclatement, dans l’évocation des résolutions douloureuses, que le récit, bardé d’ambiance fantastique, s’infléchit pour nous plonger dans une déliquescence de la pensée collective. Les dialogues mis en place par le scénariste de Blacksad sont acérés, tournicotent dans une désillusion générale tourmentée, ouvrant la porte à toutes sortes d’actions les plus violentes (de la ségrégation raciale au totalitarisme). Tel un château de cartes, l’idéal de Mc Corman s’écroule dans sa fragilité en versant dans le cauchemar le plus vil, dévoilant les profondeurs tourmentées de l’âme humaine et laissant comme simple témoin muet et vierge de toute opinion le jeune Emile.

Graphiquement, José-Luis Munuera ne se départit pas du trait maîtrisé qu’on lui reconnaît par ailleurs (Le signe de la lune…) et dont on se plait à admirer la qualité évocatrice. Fort de cette expérience, il parvient sans difficulté à nous attirer dans son univers, dans la façon de croquer des tranches de vie historiquement probantes mêlées de fantastique. L’expressivité de son graphisme, la sensation de mouvement, la représentation partiellement caricaturale de ses personnages, le travail remarquable sur les décors, sont un réel atout pour l’histoire développée par son scénariste.

Une fin d’aventure d’une idéologie communautaire superbement orchestrée qui donne à réfléchir sur le comportement ambigu de l’homme face à un idéal, se révélant parfois dans une image purement bestiale.

 

Par Phibes, le 16 novembre 2011

Publicité