FRAGMENTS DE L'OUBLI (DES)
Faustine

En cette nuit d’été, Faustine apprend de son père qu’il va devoir s’absenter durant plusieurs jours. En effet, ce dernier, comédien désabusé un tantinet sombre et fantasque, s’est mis en tête de rejeter le bien fondé de la réalité présente pour en quérir une autre meilleure. Pour le moins décontenancée par cet abandon avéré, Faustine se voit obligée d’accepter la décision paternelle. Bercée par la dernière histoire de jeunesse mystérieuse de son père, la jeune fille, désormais esseulée, plonge dans un quotidien morne pondéré de rencontres, de discussions, de découverte et de rêverie quelque peu… hallucinantes.

 

Par phibes, le 25 novembre 2011

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Notre avis sur FRAGMENTS DE L’OUBLI (DES) #1 – Faustine

La maison paquet enrichit sa collection Calamar en publiant le premier tome d’un triptyque aux ambiances pour le moins pesantes voire étranges, réalisé par Serge Annequin, auteur qui a déjà fait ses preuves sur la série coécrite avec Jean-Luc Jullan Les très étranges et très opinées aventures d’Auguste Louis Chandel et également dans Wilk de chez Jarjille.

Cet épisode se focalise essentiellement sur une adolescente de 15 ans, Faustine et son entourage immédiat. Plus particulièrement, il met en avant son mal être face à un père pris dans un tourbillon de folie, qu’elle exprime via une consignation orale de ses confidences sur des cassettes audio destinées à une mère défaillante. Le ton est volontairement pesant, les ambiances "spleenesques". Ces dernières génèrent à la fois un malaise environnant surprenant et peu engageant (il suffit d’apprécier les relations entre le père et la fille, entre la fille et ses voisins, l’attitude fuyante du père) et également suscite une curiosité qui vire presque à l’envoutement quant à la destinée immédiate de celle-ci.

Assurément, la vision que nous propose Serge Annequin est empreinte de modernité. Elle semble se référer au désarroi entretenu par des individus qui ont perdu leurs repères et se cherchent désespérément en créant des univers intimistes pour le moins torturés. Pour cela, l’auteur nous fait franchir les portes d’un étrange suffocant, presque cauchemardesque, et pourtant captivant, en instituant autour de Faustine une boucle temporelle limbique des plus étonnantes et bien sûr mystérieuse.

Particulièrement autonome, Serge Annequin assure également le dessin. Son trait qui bénéficie d’une certaine fraîcheur, possède de par sa finesse et sa sobriété un charme certain. De la plus petite vignette à la planche entière, cet artiste dévoile son art dans la façon de camper une atmosphère bizarre au moyen de subterfuges picturaux simples et intrigants.

Une aventure fragmentaire sur une chronique en trois temps qui suscite sans équivoque dans son opacité une grande curiosité.

 

Par Phibes, le 25 novembre 2011

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