FRAGILE
L'Amour après la Mort

Après que des savants ont joué aux apprentis-sorciers, un mystérieux virus a contaminé l’humanité : les gens ne meurent plus. Ils continuent de vivre à l’état de morts-vivants, jusqu’à ce que leur corps soit complètement décomposé.
…ou bien que les "décontamineurs" les aient coincés et liquidés d’une balles dans la cervelle, seul moyen de les tuer définitivement.
Ces "décontamineurs" sont aussi des morts-vivants, mais à la solde de l’infime partie de la population terrienne qui est encore en vie, terrée dans des petites villes fortifiés, effrayée par ces zombies qui hantent le reste de la planète.
Alan fait partie de cette communauté qui cherche à se regrouper dans de plus grandes villes, comme New York. Il fait des projets avec son copain Marcus pour rejoindre la Grande Pomme.
Mais un jour, Alan tombe de l’escabeau et se rompt la nuque. Sa vie, si on peut dire, bascule alors : il vient de rejoindre le clan des zombies. Ne pouvant rester parmi les vivants, il fuit sa maison et se réfugie dans la ville voisine, peuplée de zombies, et rencontre la belle Lynn.
Ensemble, ils décident de rejoindre Albertville, où il se murmure qu’on a trouvé le moyen de prolonger la "vie" des morts…

Par PATATRAK, le 1 janvier 2001

2 avis sur FRAGILE #1 – L’Amour après la Mort

Dès la lecture du communiqué de presse, je m’étais dit que cette histoire serait magnifique ; tragique aussi, mais avant tout une magnifique invitation à un voyage personnel.
Et ce fut le cas.

En premier lieu, la couverture interpelle. Elle s’apprécie en "zoomant" dessus. De loin, on regarde ce couple qui semble amoureux, mais un peu désabusé, dans son attitude, dans la posture qu’il adopte.
Puis en rapprochant le coup d’œil, on remarque quelques bizarreries : personnellement je n’avais pas remarqué le bras manquant de Lynn ; ni la main recousue pour Alan; pas plus que leur peau abîmée.
Et puis, enfin, je lis leurs regards et je saisis dans l’ensemble le tragique de cette couverture : un couple désespéré en fait, qui tente de s’aimer, malgré la mort et l’imminence de leur fin. Ce douloureux baiser, à la fois tendre et désenchanté, que donne Lynn sur la main meurtrie d’Alan résume à lui seul le destin inévitable qui leur semble tracé.

Passé le choc de la couverture, je lis (si, si!).

Je trouve le rythme un peu lent (Lynn n’arrive que vers le 2e tiers), mais il a le mérite de bien poser l’intrigue, le décor et l’ambiance. Quelques flash-back, bien mis en évidence par un fond noir, nous expliquent ce qu’il s’est passé pour que l’humanité en arrive là, ce qui a motivé les recherches des savants.
J’ai bien aimé la manière, le parti que prend Raffaele Stefano : celui de rendre les savants totalement responsables de leurs actes : ils se comparent à Dieu pour avoir su repousser les limites de la mort ; ils font des expériences cruelles sur des morts qu’ils font revenir à la vie, puis dont ils découpent petit à petit un morceau, de-ci, de là, pour voir s’ils sont toujours vivants et repousser ainsi les limites de la mort, jusqu’à n’en plus avoir.
Charmants, non ?

Un road-movie tragique

Et puis, parsemé de ces explications, il y a l’histoire d’Alan et Lynn. Sur la forme, ça semble classique : un bon vieux road-movie à l’amerloque, peut-être comme "Thelma et Louise" pour son côté dramatique.
Mais ce qui a rendu ce récit attachant à mes yeux, ce sont les personnages et le sentiment qu’ils dégagent. Les regards, la lassitude de Lynn, le cynisme certain d’Alan rendent palpable cette émotion, comme un destin inéluctable. Une histoire qu’on devine tragique, mais qu’on espère voir se finir en happy-end.

Les dessins sont parfait de ce point de vue : Dès la première apparition de Lynn, c’est un véritable coup de foudre qui touche le lecteur. On devine toute sa fragilité, son absence au monde – celui des zombies, décadent et écœurant, comme celui des vivants.
L’arrivée d’Alan est pour elle une bouffée d’oxygène. Cela semble tellement évident que leur coup de foudre ne nous surprend guère. Bien que cet Amour laisse une impression étrange – un Amour entre deux morts, un Amour après la mort – on fait très vite abstraction de cette particularité. On aimerait voir ce couple s’épanouir s’il le peut, voir Lynn revivre, si on peut dire, renaître à la vie tellement elle est touchante dans son désespoir, tant la fatigue morale transparait sur son visage, son dégoût de sa condition aussi peut-être…

Mais le pourront-ils ? J’avoue que l’ambiance très noire (les couleurs y participent grandement) n’incite pas à la joie, mais cela aussi fait le charme de cette BD.
On semble se diriger tout droit vers une sorte de "Roméo et Juliette", mais ça, seule la suite nous le dira.
Et je l’attends déjà avec impatience…

Par PATATRAK, le 25 avril 2003

Je serais plus court que Patatrak, mais mon sentiment sur cette BD est sensiblement le même. Au début, j’ai été assez surpris de la couverture, qui de loin ferait passer ce couple de morts pour des amoureux tout ce qu’il y a de plus normal, puis, en y regardant de plus près, il est vrai que certains détails sont assez frappants, notamment leurs visages qui commencent sérieusement à sentir le sapin, si vous me passez l’expression…

Il reste que cette BD est assez spéciale, mais plaisante, et relativement originale, ce qui dans ces temps de sorties tout azimuts, est une gageure. Pour ma part, j’attendrais la sortie de la suite pour savoir si vraiment cette BD doit figurer en bonne place dans ma bibliothèque, mais pour l’instant, ce fut une lecture très agréable, et intéressante.

Par Siam l'Archiviste, le 31 mai 2003

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