FLOR DE LUNA
La finca don Diego

Antoine Chatel est recherché activement par la police pour le meurtre de Charles Porter, le nabab du cigare, qu’il n’a pas commis. Pour l’heure, il s’est réfugié dans un endroit isolé des Alpes suisse et poursuit la lecture des mémoires de Diego Castellano.

Ce dernier, expatrié à Cuba pour se lancer dans la culture du tabac, prospère entre vente légale et contrebande. En marge des affaires de l’aventurier, Lucia de Casa Bianca est contrainte de se marier avec Portero qui assoit ainsi sa suprématie au sein de l’île. Malheureusement, le destin veut que Cuba soit trop petite pour le tyrannique Portero et le "veguero" Castellano et qu’un lourd contentieux, au milieu duquel se trouve Lucia, oppose les deux hommes.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

Notre avis sur FLOR DE LUNA #2 – La finca don Diego

Toujours habile à jongler sur deux époques bien différentes, Pierre Boisserie assoit sa maîtrise scénaristique sur la saga des producteurs de tabac dans laquelle tout est loin d’être reluisant. Antoine Chatel est pris dans une tourmente qui laisse présager toute une intrigue s’étalant sur plusieurs générations jusqu’à nos jours et dont l’île de Cuba est le point d’origine.

Le tour des participants au récit engagé dans le précédent tome s’élargit pour faire apparaître dans celui-ci un personnage des plus antipathiques et d’une froideur exemplaire. Il s’agit de la fille de Charles Porter, l’héritière directe de celui qui a été assassiné. Sans émotion aucune, amatrice de cigares, elle cache un jeu dont les règles ne sont pas encore clairement définies. La suspicion prend le pas sur cette présentation dont on concèdera qu’elle n’a rien de réjouissant.

Portero et Castellano étaient appelés à se revoir, malgré leurs promesses respectives. C’est chose faite dans cet album qui nous réserve de belles surprises. Portero dévoile clairement ses ambitions tentaculaires, faisant abstraction de toute considération humaine envers les esclaves et ceux qui entravent sa route. Castellano qui fait parti de ce lot s’improvise cultivateur débrouillard et devient le protecteur de Lucia l’esseulée.

La gravité est de mise au gré des diverses altercations et des verbiages douloureux. Celle-ci plombe l’atmosphère qui n’en finit pas de s’alourdir au gré des révélations surprises que Pierre Boisserie divulgue parcimonieusement. Par ailleurs, l’appellation "Flor de Luna" trouve son explication dans cet épisode lors d’un moment d’apaisement furtif.

Que dire des graphiques des deux Eric si ce n’est qu’ils sont de toute beauté. Bien sûr, on perçoit la touche Stalner dont le style est très reconnaissable pour l’avoir apprécié sur d’autres séries ("Malheig", "Le Roman de Malemort", "La croix de Cazenac", "Blue 46", "La liste 66", "Voyageur"…). Le réalisme de chaque vignette est un véritable plaisir pour les yeux et nous explose dans des plans courageusement choisis et restitués. Les regards sont très expressifs, souvent terrorisants par leur profondeur. Les décors de Cuba du XIXème sont d’une représentation exemplaire et confirment une recherche historique sans faille. La colorisation est également superbe et accompagne parfaitement le dessin.

Je ne peux que vous inciter à savourer les volutes de cet épisode inquiétant qui mêle les senteurs d’un passé tragique avec les effluves d’un présent démoniaque.
 

Par Phibes, le 29 juin 2008

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