FLOR DE LUNA
La fabrica

Missionné par Kathryn Porter pour éliminer Antoine Chatel, Xavier a retrouvé la trace de celui-ci en Suisse. Mais au lieu d’appliquer le contrat prévu, ce dernier, de mèche avec le fugitif, le laisse en vie et se doit d’écouter la fin de la terrible destinée cubaine de l’aventurier Diego Castellano. En effet, en ce journal de bord qu’Antoine a pu récupérer, se cachent les motivations de la guerre sans pitié que se mènent deux familles depuis plus d’un siècle. Et les coups bas sont légions de même que le tabac a le goût de sang !
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur FLOR DE LUNA #3 – La fabrica

Ce troisième album clôture le premier cycle qui porte haut la main la superbe et périlleuse épopée d’un aventurier à l’origine de la création d’un empire basé sur le négoce du cigare. Pierre Boisserie et Eric Stalner qui ont déjà oeuvré ensemble sur les séries de "La croix de Cazenac" ou "Voyageur", auront su avec un talent avéré nous emmener, comme Jean Van Hamme l’a fait avec sa saga "Les Maîtres de l’Orge", dans une histoire de famille déchirée par des manœuvres de bas étage et de quête absolue de pouvoir.

Cet épisode apporte par l’intermédiaire des mémoires de Diego Castellano les réponses que le lecteur était en droit d’attendre et, le fait, on en sait gré à ses auteurs, adroitement en révélant les fumeuses origines de la lutte fraternelle. Pour ce faire, le tandem visé ci-dessus a su, par le biais des retours en arrière judicieusement mis en place, nous faire toucher du doigt la fourberie à l’état pur de ce Portero, qui, par soif de pouvoir, est passé par toutes les étapes de la médiocrité et de la malfaisance. Sacrifiant au nom de l’argent sa famille et ceux qui lui font barrage dans son ascension, il devient celui par qui le sang va couler. De fait, si la finca Lucia évoque plus la probité et le savoir-vivre, la casa Portero incarne, par opposition, le malheur et la destruction.

La vision romanesque que nous offre ce récit est d’autant plus forte qu’elle se permet, hormis le secret latent, de jouer habilement sur deux tableaux : le présent et le passé. Sur les deux époques, l’on assistera à des échanges intrafamiliaux d’une dureté absolue, empreints de trahison, de fierté extravagante et de manipulations machiavéliques. Comme l’on peut s’en douter, les frictions sont pléthores et donnent à cet ensemble un attrait historico-fictif très prenant.

Un grand bravo aux artistes patentés et avertis que sont les deux Eric (Lambert et Stalner). Ils nous font un étalage de dessins d’une beauté subjuguante. On ne se lasse d’apprécier à leur juste mesure les décors et les personnages (il est vrai que les visages portent la signature de Stalner) qui défilent tout au long des superbes vignettes hautes en couleurs qui font l’apologie de la faune et la flore cubaine du 19ème.

Si fumer nuit gravement à la santé, lire un tel ouvrage ne porte pas préjudice à notre envie d’aventures. Cet épisode représente donc un grand moment de lecture fumeuse dont les volutes auront de quoi rassasier le lecteur le plus exigeant. Et en plus, on en redemande !
 

Par Phibes, le 16 juillet 2009

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