Fleur de tonnerre

Au cœur de la Bretagne du début du 19ème siècle, la petite Hélène subit la fureur de sa mère qui tente de lui faire comprendre que les plantes qu’elle met à la bouche comme la fleur de tonnerre peuvent se révéler toxiques voire mortelles. N’écoutant rien, elle obtient le surnom de cette fleur et construit sa jeunesse dans un milieu paysan où l’on vit dans la crainte de l’ankou, le valet de la mort. Dans cette ambiance terrifiante, Hélène commence à « jouer » avec les plantes. A la suite du décès suspect de sa mère, son père la confie à sa marraine qui la prend avec elle pour l’aider à travailler pour le compte de l’abbé Riallan au presbytère de Bubry. Désormais adolescente, elle continue son œuvre maléfique en récupérant chez l’épicier de l’arsenic pour éradiquer les rats. En fait, ce poison va lui permettre de faire, sous le couvert de bons petits plats, de nouvelles victimes.

Par phibes, le 29 décembre 2020

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Notre avis sur Fleur de tonnerre

Jean Teulé n’en finit pas de voir ses romans historiques faire l’objet d’une adaptation en bande dessinée. Après Je, François Villon, Le magasin des suicides, Charly 9, Mangez-le si vous voulez… c’est au tour de son roman biographique Fleur de tonnerre paru en 2013 de se voir transformer en histoire illustrée, portée en cela par Jean-Luc Cornette et Jürg, deux artistes du 9ème art.

Cet album éponyme qui se réfère au pseudonyme donné à la morbihannaise Hélène Jégado lorsqu’elle était jeune se veut dresser le portrait de celle que l’on considère aujourd’hui la plus grande tueuse en série de tous les temps. Pour ce faire, Jean-Luc Cornette s’est accaparé du volumineux biopic de Jean Teulé pour le restituer certes fidèlement mais à sa sauce, une sauce assurément aigre-douce, qui se veut enveloppée dans les ambiances traditionnelles sombres de la Bretagne profonde et de l’aura sordide de l’ankou.

La lecture de cet ouvrage complet a l’avantage d’être des plus fluides et permet de bien saisir le parcours épurateur de la tueuse au travers des séquences qui confortent peu à peu le caractère maléfique et tourmenté de celle-ci. On découvre au fil des années sa transformation, sa façon de surmonter peu à peu sa crainte de la mort en agissant directement en son nom. Au travers d’un découpage assurément bien inspiré, Jean-Luc Cornette fait sensation, relatant avec brio les terribles forfaits de l’empoisonneuse jusqu’à son expiation sous le couperet de la guillotine.

Jürg fait aussi un excellent travail. Le parcours de la tueuse est retracé via un trait plutôt sombre donc cohérent avec le personnage et sa destinée. S’inspirant au mieux des anciennes gravures bretonnes, son dessin fait un beau clin d’œil aux mœurs superstitieuses de l’époque et à l’appui d’une belle recherche sur les ombres et également sur les couleurs, parvient à camper des ambiances volontairement sournoises.

Une adaptation réussie qui fait malgré tout froid dans le dos. Ne serait-ce pas d’ailleurs le souffle de l’ankou ?

Par Phibes, le 29 décembre 2020

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