La fleur dans l'atelier de Mondrian

Mondrian vit à Paris, il ne mange pas à sa faim, et pour oublier ce tiraillement du ventre il danse ou se glisse sous les draps des prostituées de son quartier. Cependant, un jour, il rencontre, sur la piste, Francine à qui il offre un tableau de fleur… Elle s’éprend de l’artiste, de sa vision qu’elle ne comprend pas complètement, mais qui la fascine…
Mais Mondrian, lorsqu’il peint oublie le reste, même ses propres sentiments, il s’éloigne immanquablement de ceux qui l’entourent…

Par fredgri, le 9 décembre 2017

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Notre avis sur La fleur dans l’atelier de Mondrian

On connait Piet Mondrian par ses tableaux abstraits à base de ligne noires épaisses encadrant des zones de couleurs primaires, rouges, bleues et jaunes. Ce style si particulier qui s’est ensuite décliné dans la mode, le design et la décoration.
Jean-Philippe Peyraud et Antonio Lapone s’inspirent donc d’une photo d’André Kertész qui présente un pot avec une fleur artificielle blanche sur une table dans l’atelier de Mondrian ! A partir de ce détail, ils imaginent un récit qui se situe dans la période parisienne de l’artiste, alors qu’il vivait pauvrement et expérimentait ses premières peintures "néoplasticistes", comme il les appelle !

On découvre un peintre solitaire, qui souffre de la faim, mais qui ne peut se passer de danser sur des rythmes de hot jazz. Pour investir profondément son Art il se coupe alors progressivement de son passé, de ses émotions, de tout ce qui peut le perturber, même de cette femme qui ne demande qu’à être près de lui.

Le récit de Peyraud est intéressant, mais je trouve justement que la figure de Mondrian se déshumanise assez vite, ne devenant qu’une silhouette qu’on a du mal à approcher, un peu comme son travail. Du coup, on reste en périphérie du personnage tout du long, sans jamais réellement être à ses côtés, comme s’il était complètement fermé d’un bout à l’autre ! Mais c’est aussi le fond du propos, comme si les véritables protagonistes étaient les autres, dont notamment la belle Francine qui aimerait bien briser cette carapace !

Toutefois, l’émotion passe bien plus par le graphisme extrêmement élégant et sublime d’Antonio Lapone qui joue habilement sur les masses, sur la dynamique de son trait, sur la subtilité de ses mises en scène. Dès les premières planches on comprend qu’il est ici question de formes, de lignes de force et c’est fascinant !
A savoir que l’album se conclue par 40 pages de croquis, d’études de personnages, de storyboard, de recherches… Autant dire qu’on en a plein les yeux !

Après, peut-être faut il être sensible à la fois au travail de Mondrian et de Lapone pour vraiment apprécier cet album, certainement, toujours est-il que les plus curieux sauront aussi se faire plaisir !

Par FredGri, le 9 décembre 2017

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