La fleur amoureuse

Un matin le père jardinier de Mélanie lui offre une étrange petite graine. De cette graine va bientôt éclore une grande plante bulbeuse munie d’une seule fleur.
Mais voila, alors que la jeune fille, petit à petit, grandit et découvre les joies de l’amour, la fleur gagne une âme et s’éprend de cette jeune beauté. Elle profite des nuits ou Mélanie est endormie pour progressivement la séduire à son tour…

Par fredgri, le 14 mai 2013

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3 avis sur La fleur amoureuse

Cadelo est un artiste au style magnifique, souple, très agréable, qui, avec cet album, est certainement au summum de sa carrière en 90.
A l’époque il s’était fait remarquer avec la Saga d’Alendor au côté de Jodorowski, mais surtout avec son remarquable Envie de chien, qui déjà nous emmenait dans un univers très personnel, à la fois très sensuel et intriguant ! Et c’est ce qui allait très vite devenir la marque de fabrique de cet artiste complètement atypique, venu du théâtre qui va imposer un style bien à lui, nourrit d’un sens de la mise en scène adroit et inspiré !

Ici, il dépeint donc un univers très original, une histoire d’amour décalée, matinée de Science Fiction, qui peut déstabiliser au début, mais qui, très vite, dessine un sourire complice sur les lèvres du lecteur. On est les témoins de l’évolution de cette "plante" qui s’humanise, qui observe la jeune fille dans sa chambre, qui prend gout à ce désir qui émerge étrangement, quitte à se transformer progressivement.
Cadelo détourne donc les codes du récit érotique initiatique pour y glisser de la poésie, un charme doucereux qui parle ici de séduction, de sensualité, d’un amour hybride, légèrement contre nature, mais qu’importe… Car il est question ici de l’éveil des sens, de cette curiosité en découvrant le plaisir et cette faculté de le transmettre. C’est assez coquasse de suivre ensuite les pérégrinations de la plante qui va d’un foyer à l’autre, laissant derrière elle une série de râles, de joues qui s’empourprent… Cette fleur parle à la pulsion la plus intime des femmes qu’elle croise, cette flamme qui les libère, qui leur fait oublier le monde extérieur… Cadelo évite de tomber dans le piège des images trop crues, du démonstratif vulgaire, il garde cette intéressante distance pour se concentrer sur l’essence de son étrange héros, sur cette texture qui va petit à petit prendre possession du récit, et par la même du lecteur lui même.

J’ai découvert cet auteur avec cet album, en fait, et quel album ! Je me suis laissé glisser dans ce conte érotico-fantastique très tendre et envoutant tout d’abord séduit par le trait de l’artiste et seulement ensuite par l’atmosphère de l’histoire.
Car le dessin, en lui même, est très important, il fait partie intégrante du charme qui s’opère. Le style est très doux, accompagné par des couleurs magnifiques. La moindre ligne est gracieuse, sensuelle et poser les yeux sur ces planches c’est se laisser prendre la main, tranquillement !

Bien entendu, l’histoire, telle quelle, n’est en soit pas exceptionnelle, elle se cantonne à un principe et à une suite de situations provoquées par ce principe. Néanmoins, c’est assez astucieusement mis en scène et très imaginatif. Car on sent bien que l’essentiel n’est pas dans les galipettes de Mélanie, mais bel et bien dans la perception de cette "plante", cette façon d’appréhender le monde des sens et son environnement. L’album se présente donc, dès le départ comme un pseudo récit autobiographique dessiné que la "créature" nous délivre pour raconter son histoire. Il y a une légère mise en abime sur l’acte de créer. Cadelo ne pousse pas trop le récit dans ce sens, comme si c’était une idée en passant, pour agrémenter l’album, c’est peut-être un peu dommage, malgré tout cela rajoute une petite touche intimiste et humanisante assez bien vue !

Cet album nous permet de redécouvrir un auteur encore trop discret. La première édition date de 90 chez Albin Michel et encore une fois la collection Erotix propose de ressortir ces petits chef d’œuvre pour réhabiliter des auteurs passionnants !

Un album que je vous conseille très vivement, ne serait-ce que pour admirer un artiste au sommet de son art !

Par FredGri, le 14 mai 2013

FredGri, ton texte est un bel hommage (juste et sincère) à l’oeuvre de Silvio Cadelo. Une nouvelle édition ? Pourquoi s’en priver si on ne l’a pas déjà ? Nul doute que l’évocation faite par tes soins, Fredgri, encouragera de nombreuses demoiselles jardinières, ou non, à prendre soin de leur gazon et autres collines fleuries…Les jardiniers , quant à eux, devraient en prendre de la graine. Douceur et émois partagés sont plus épanouissant (à deux) qu’une virilité brutale et égocentrique. Cette plante aura éveillée le meilleur de nous même : peut-être cette aspiration au bonheur absolu, transcendant les barrières formelles et le conformisme. Mais tout cela a un prix…n’est ce pas ?

Par Vinblood, le 6 décembre 2013

FredGri, ton texte est un bel hommage (juste et sincère) à l’oeuvre de Silvio Cadelo. Une nouvelle édition ? Pourquoi s’en priver si on ne l’a pas déjà ? Nul doute que l’évocation faite par tes soins, Fredgri, encouragera de nombreuses demoiselles jardinières, ou non, à prendre soin de leur gazon et autres collines fleuries…Les jardiniers , quant à eux, devraient en prendre de la graine. Douceur et émois partagés sont plus épanouissant (à deux) qu’une virilité brutale et égocentrique. Cette plante aura éveillée le meilleur de nous même : peut-être cette aspiration au bonheur absolu, transcendant les barrières formelles et le conformisme. Mais tout cela a un prix…n’est ce pas ?

Par Vinblood, le 6 décembre 2013

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