FLEAU DES DIEUX (LE)
Le Jeu

Les adaptations sont de plus en plus courantes dans l’univers du jeu. Ce n’est d’ailleurs pas très étonnant au regard des conceptions à « l’allemande » dans lesquels le thème reste généralement assez accessoire, et du coup permettant de profiter de la valeur ajoutée d’une licence déjà connue du grand public. Pourtant, l’univers de la BD reste assez rarement adapté, et encore moins lorsqu’il ne s’agit pas simplement de faire de l’exploitation mais bien de développer un univers. C’est ce que nous propose le Fléau des Dieux.

Par CB, le 2 mai 2010

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Notre avis sur FLEAU DES DIEUX (LE) # – Le Jeu

Ad augusta per angusta (La gloire ne s’acquiert pas facilement):
Au commencement de ce Fléau des Dieux il y a donc la BD de Valérie Mangin (Auteur) et Aleksa Gajic (Dessinateur) éditée chez Soleil, qui nous narre une version Space Opéra de l’Antiquité Gréco-Romaine. Le projet n’est certes pas inédit, et l’on trouve facilement des inspirations plus ou moins visibles de ce type dans la littérature de SF (chez Dan Simmons par exemple, qui a déjà torturé L’Iliade ou encore l’Enéide), ou la BD (Notamment chez Jodorowsky de manière moins directe). Il n’en reste pas moins que l’univers en est donc riche, extrêmement référentiel et épique. Voilà une bonne base pour concevoir un opus ludique qui a tous les atouts d’un jeu de conquête.
Aux commandes de cette création sur plateau, deux inconnus dans le monde du jeu (même si Hervé Rusig, auteur de Loudun n’est pas inconnu dans le monde de la BD) comme auteurs et une boutique de BD en ligne, Weebulle comme éditeur, dont il s’agit de la première production. Bref que du neuf dans cette grosse boîte. Un pari risqué tant on sait qu’entre une bonne idée et sa réalisation matérielle, il peut advenir de nombreuses embuches.
Pourtant, force est de constater que la production de Weebulle est globalement de qualité. Certes la boite de jeu est un peu grosse en rapport a son contenant, et certains choix de couleurs nuisent légèrement à la lisibilité du jeu, mais rien de rédhibitoire, et surtout rien que l’on ne trouvera pas régulièrement chez des éditeurs de renom. Au chapitre des réussites, le jeu bénéficie bien entendu de l’apport visuel de la BD dont il est tiré, qui lui apporte une véritable identité graphique, et renforce l’immersion dans l’univers.
La première surprise qui frappera sans doute les joueurs les plus chevronnés, face à un jeu qui se présente comme un jeu de conquête, est la faible présence de pions contre balancée par le nombre important de cartes composant le matériel de jeu. Car en effet, si globalement Le Fléau des Dieux s’apparente à une conquête de l’univers dans lequel l’action se déroule, en réalité il se définirait bien mieux comme un jeu d’enchères tactiques.

Si vis pacem parabellum (Qui veut la paix se prépare à la guerre):
Voilà donc une tablée de joueurs face à une carte exposant des planètes reliées les unes aux autres, avec 7 pions à leur couleur devant eux et une main de cartes leur servant d’armée pour partir à la conquête de cet espace, baptisé ici Orbis. En sus de cela, et histoire d’aider un peu à l’immersion, chaque joueur dispose d’un personnage qui pourra lui offrir une fois, et une seule, durant toute la partie, une capacité spéciale lors d’une bataille.
Le Fléau des Dieux est donc un jeu d’enchères tactiques. En effet, chaque bataille pour des planète constitue une mise aux enchères de celles-ci, chaque joueur posant à son tour une carte et ajoutant sa valeur militaire au fur et a mesure des tours de table à la valeur globale de son armée. Quand tout le monde a passé son tour, celui qui a la plus grosse valeur l’emporte sur le second et ainsi de suite, les gains dépendant du nombre de joueurs.
Là où le jeu se veut tactique – en tout cas entre 3 et 6 joueurs – réside dans le fait que l’on gagne plus vite en conquérant des planètes reliées entre elles. Il en faut en effet 5 pour emporter la partie contre 7 qui sont dispersées dans l’univers.
Bien entendu tout cela serait simpliste s’il n’y avait un certain nombre d’éléments venant contrarier cette base, et donnant leur sel au jeu.
Sans entrer dans le détail exhaustif des différentes distorsions à la mécanique de départ, il y a néanmoins trois éléments qui déterminent le rythme et les rebondissements de la partie. Tout d’abords il y a le choix du champ de bataille, qui peut être urbain, spatial ou planétaire. Les cartes armées ayant des valeurs différentes en fonction du terrain sur lequel se déroule la bataille. Ensuite, il y a les cartes « Défi » qui viennent imposer le nombre de cartes maximum pouvant être engagées dans un combat, mais n’apparaissent que durant la première phase du jeu. Enfin, il y a les deux grandes phases de la partie, la première étant une répartition des planètes de l’Orbis et la seconde un véritable affrontement entre les joueurs, puisque ceux-ci devront mettre en jeu les planètes précédemment conquises pour avoir l’opportunité d’en gagner de nouvelles et donc la partie. Notons aussi la présence des capacités spéciales des héros dont chaque joueur dispose et les cartes spéciales disséminées dans le paquet des armées.

Finis colorat opus (La fin colore l’œuvre):
Pour un premier jeu à tous niveaux, Le Fléau des Dieux est un opus de bonne qualité, simple d’accès, tactique sans être calculatoire, avec un hasard restant gérable et un univers fort. Les règles V1.1 seront fournies dans la boîte du jeu (en plus d’être dispo sur le site, elles ont été réimprimer et collée au dos de la boîte). Une croisée des chemins idéale pour les amateurs de la BD qui veulent découvrir l’univers du jeu de plateau, et les ludophiles voulant pénétrer l’univers de l’Orbis.

Comment ca marche:
Le jeu se découpe en deux phases, La Conquête de l’Orbis et La Guerre des Empereurs. Durant la première, un certain nombre de planètes seront mises en jeu à chaque tour. Les joueurs vont jouer une carte armée a tour de rôle, jusqu’à ce que tous les joueurs aient passé. Le joueur ayant la plus grosse mise emporte la ou les planètes en premier, suivi du second, et ainsi de suite. Durant la seconde phase de jeu, les joueurs vont devoir mettre en jeu leurs propres planètes pour en conquérir de nouvelles et emporter la partie avec 5 planètes reliées ou 7 en tout.

Avis:
Le Fléau des Dieux n’est certes pas l’innovation ludique de l’année, mais il parvient néanmoins a trouver le bon rapport entre le degré d’intérêt et la durée, entre hasard et tactique, tout en proposant un univers original et très présent dans l’ensemble du matériel, permettant une bonne immersion.

Le site:
www.lefleaudesdieux.com

Par CB, le 2 mai 2010

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