Fichue Famille

En 1945, c’est la fin de la guerre avec les Japonais, les 300.000 Européens et métis qui sont encore en Indonésie, enfermés dans les camps, majoritairement hollandais, doivent alors revenir au pays… Ainsi, Monsieur Java revient avec sa femme et ses trois filles nées d’un autre mariage. En Hollande, ils donnent naissance à un garçon qui doit désormais vivre dans ce cadre d’expatriés, avec son père rongé par le déracinement, rescapé de la guerre et des camps de prisonniers japonais et ses sœurs qui ne l’acceptent pas complètement…

Par fredgri, le 20 juin 2020

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Notre avis sur Fichue Famille

Cet album, adapté du roman "Familieziek" d’Adriaan van Dis, nous fait glisser dans une période assez tendue de l’histoire hollandaise, le rapatriement de ses ressortissants à la fin de la guerre contre le Japon qui occupa les Indes néerlandaises à partir de 1942, enfermant les populations néerlandaises dans des camps, et la déclaration d’indépendance de l’Indonésie en 1945.

Nous découvrons alors cette famille recomposée réfugiée qui tente de survivre malgré les privations dans un pays qui ne les accepte pas et un chef de famille démissionnaire qui sombre dans la dépression.
On se rend très vite compte de la complexité qui s’immisce dans la relation des uns et des autres. Qu’il s’agisse de la mère et de ses trois filles eurasiennes, de ce lien fusionnel qui les lie, mais aussi du père et de son fils que l’on surnomme "le gosse" tout du long ! L’homme vit très mal son statut d’exilé qui se sent piégé par les instances hollandaises qui ne l’écoutent pas. Tandis que le garçon se réfugie dans ses mondes imaginaires dès qu’un soucis vient. Un portrait très touchant qui sert de pivot pour l’ensemble de l’album, comme si nous découvrions cette histoire aux côtés du gamin !

On évolue donc au gré de cette narration qui prend son temps, qui digresse parfois, qui erre dans les fantasmes de l’enfant en revenant de temps à autre du côté de la mère et de ses filles qui tentent de mieux comprendre leur frère… Beaucoup de profondeur et de bonnes idées dans un contexte dur et quelque fois assez déstabilisant ! On s’immerge réellement dans cette famille très particulière, qui s’étiole doucement !

Graphiquement, Peter Van Dongen s’inscrit parfaitement dans une école ligne clair qui se réfère à Hergé ou Jacob. C’est très propre, magnifiquement mis en scène, avec des couleurs qui conviennent parfaitement aux ambiances de l’histoire ! Un vrai plaisir des yeux.

Je vous conseille néanmoins de faire quelques petites recherches pour mieux comprendre le contexte et les enjeux du récit. Néanmoins, vous passerez un très moment à cette lecture !

Par FredGri, le 20 juin 2020

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