Fête des morts

Serge est un flic qui a été dépêché par les autorités françaises afin de suppléer la police cambodgienne pour pister les pédophiles. Associé au lieutenant Varanat, il veille sans retenue sur les dérapages de ses pairs tout en faisant preuve d’initiatives parfois risquées. A la suite d’une perquisition délicate dans une ONG dont le responsable a failli, Serge est envoyé par Varanat à Kep, belle station du bord de mer, afin de surveiller une pension de luxe dans laquelle des gamins seraient livrés à des expériences peu honorables. Sur place, il se fait passer pour un touriste et se mêle à la vie locale. C’est ainsi que tout en comptant fleurette avec une prostituée, il découvre un trafic des plus horribles lié à un orphelinat et à la haute bourgeoisie. Aura-t-il le cran de s’en tenir à sa mission de surveillance comme le lui a demandé son collègue cambodgien ou passera-t-il directement à l’action, au risque d’en faire éventuellement les frais ?

Par phibes, le 8 mars 2011

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Notre avis sur Fête des morts

Stéphane Piatzszek laisse de coté son policier estropié (Commandant Achab) pour évoquer, dans ce nouveau one-shot, les pérégrinations d’un autre limier. Serge, tel est le seul patronyme qu’on lui connaît, est un flic français attaché à la brigade des étrangers au Cambodge et traque les travers nauséabonds de pédophiles en puissance.

Fête des morts est à proprement parler un ouvrage noir, qui aborde le thème douloureux du tourisme sexuel, de la prostitution enfantine en Asie du Sud-Est. L’évocation est imparable et créé évidemment le malaise. Tout en entretenant cette ambiance de pratiques déshumanisantes et amères qui touche les plus démunis de la société cambodgienne, le scénariste gère, tout au long de la centaine de planches, son histoire au mieux, qui met en scène le dénommé Serge et son associé cambodgien Varanat. Celle-ci tourne inévitablement autour des réactions engagées du massif personnage dont la psychologie a été particulièrement étudiée. Plutôt taiseux, un brin revêche, fumeur impénitent, Serge est un policier un tantinet sanguin, qui cache sous sa grosse carcasse une certaine intégrité. Ni réellement bon, ni vraiment mauvais, sa personnalité entière se veut volontairement ambiguë.

Le récit est grave certes mais reste entreprenant voire intrigant par le fait que l’on souhaite savoir où le scénariste et Serge veulent nous emmener. On ne pourra qu’être sensibilisé par la vision sociétale qui transparaît au travers des pérégrinations du policier français. L’intrigue qui en ressort, repose simplement et essentiellement sur les larges épaules de ce dernier qui se voit aller au contact, d’un côté de personnes peu recommandables et de l’autre, de petites victimes sans défense. Ainsi, Stéphane Piatzszek égratigne la sensibilité du lecteur par l’expression d’une violence plus psychologique que physique.

Le caractère sombre de l’aventure passe subtilement par le trait sobre et efficace d’Olivier Cinna qui signe ici un travail totalement différent de ce qu’il a fait précédemment (Mr Deeds). Ayant opté pour une évocation graphique en noir et blanc, usant un coup de crayon énergique, il déploie son talent dans l’utilisation habile d’aplats de noir à la Comès ou à la Marc Malès. De même, les attitudes de ses personnages ont quelque chose de probant, leur expressivité se ressentant tout particulièrement dans les nombreuses vignettes sans dialogue.

Une sensible et acide équipée policière à l’orientale, sur fond de Pchom Ben, qui dénonce grassement les pratiques iniques sur des mineurs sans défense.

 

Par Phibes, le 23 mars 2011

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