Déctective publicitaire

Au sortir du Japanese Casino, le détective Fergus se voit engagé par le radical Michka pour retrouver un certain Marcel, l’homme-logo génétiquement modifié de la société D-Cube Software, disparu depuis quelques temps. Ce dernier est en fait une vieille connaissance de l’enquêteur qui, sans détour et sans difficulté, le trouve au Toxic Cabaret. Mais, Fergus n’a pas le temps de lui soutirer quelques explications que son commanditaire surgit promptement pour l’abattre. Il est certain que cette méthode, expéditive et peu orthodoxe, cache quelque secret que son ex-femme, intervenant dans la partie, va lui permettre de découvrir en le lançant dans une quête parallèle. Oui, vraiment la ville de Promonthia entretient, publicitairement parlant et conditionnements à l’appui, de drôles de penchants virtuels et parasites auxquels la société D-Cube n’est pas forcément étrangère.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Déctective publicitaire

Totalement décalée, cette aventure policière parue chez "L’Atalante", nous emmène dans un univers onirique dans lequel la publicité est omniprésente. Pire, cette dernière se déclare sans retenue, tels les spams qui pourrissent nos messageries, au moyen d’une technique élaborée dans tous les esprits et les conditionne à sa guise. Fort de ce concept bien inspiré, novateur et intrigant dont le scénariste d’origine argentine Diego Agrimbau ("La bulle à Bertold") a la maîtrise de par son premier métier, l’on fait connaissance avec Fregus, détective publicitaire de son état et personnage entier. Grâce aux missions dont il est investi, on pénètre une société insolite, mercantiliste et implacable, reposant sur la manipulation à outrance des personnes.

On conviendra que le récit est décapant, plein d’imprévus et pousse à son paroxysme la menace du marketing sournois. On sent Diego Agrimbau bien imprégné de cette notion et la restitue dans une enquête policière peuplée de faits bigarrés voire étranges, dans laquelle des visions réalistes infernales viennent s’ajouter aux rêves suggestionnés. Bien sûr, compte tenu de ce contexte malsain, on peut s’attendre à des virements de situations surprenants, bien amenés qui ont l’avantage de se déclarer dans une activité abondante. Fusillades et empoignades font l’objet d’échanges qui évitent largement le piège de l’enlisement scénaristique. Par ailleurs, l’on appréciera bien volontiers le côté humoristique acidulé (un peu à la François Boucq) qui accompagne les péripéties des personnages centraux au charisme bien étudié.

Le travail pictural de Leonardo Pietro est extraordinaire. Dopé par ses publications argentines, italiennes et aux Etats-Unis, ce dernier continue à faire le tour du monde en arrivant en France. Cette bande dessinée est le parfait exemple d’un travail mené avec passion et dérision dont la teneur a de quoi bluffer le lecteur. Parfait dans les perspectives, habile dans la représentation des personnages aux gueules éclatées et aux formes épanouies voire à certains moments distordues, génial dans la colorisation, ce dessinateur nous met sous le nez un festival de vignettes d’une grande qualité. Alliant la sensualité avec le morbide, les superbes graphiques de ce dernier ne semblent souffrir d’aucun défaut particulier.

Une plongée dans l’univers publiciste de Diego Agrimbau et de Leonardo Pietro aura certainement des conséquences irréversibles sur le lecteur : celles de consulter irrémédiablement les publications antérieures de ces deux auteurs méritants.
 

Par Phibes, le 19 juin 2009

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