(Matinées) et (Soirées)

Une matinée et une soirée pour dépeindre la vie d’une façade, plan immobile, sans dialogue, sans son, des fenêtres s’ouvre, laissent entrevoir quelques vies, des passants traversent le décor…

Par fredgri, le 25 août 2013

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Notre avis sur (Matinées) et (Soirées)

Pascal Rabaté inaugure avec cet album des plus curieux une nouvelle sous-collection au sein de Noctambule, il s’agit des récits Yin et Yang qui proposent des albums accordéon ou l’histoire commence d’un côté et se boucle de l’autre, se répondant et se complétant l’un et l’autre.
Pour l’occasion, Rabaté propose un exercice de style très inspiré, complètement muet, en hommage à la fois à Hitchcock, mais aussi à Tati. nous observons alors les habitants de ces immeubles qui vivent devant nous, on les voit se croiser, s’exhiber devant leur fenêtre, s’engueuler, se menacer, s’aimer, on voit un couteau s’abattre, on voit deux chiens qui se frottent les crocs, une femme qui passe son temps d’un côté à regarder des films d’Hitchcock, de l’autre de Tati. On est devant notre fenêtre, on les regarde, on se retrouve spectateur, voyeur de ces vies qui se déroulent sous nos yeux.

Rabaté organise tranquillement sa pièce en 10 tableaux, le rideau monte, plus aucun bruit, nous glissons l’oeil, nous perdons du temps à admirer l’entrebâillement d’une robe de chambre et soudain un drame se déroule sur la droite, les pages se tournent, le coup est porté, un tapis s’enroule autour d’un corps, et des menottes…
Sans s’appesantir l’artiste nous entraîne dans une succession de scénettes qui nous racontent plusieurs micro-récits, histoires dans l’histoire. (Matinées) nous donne une version et (Soirées) une autre, les deux axes se complètent, nous offrent chacun un regard nouveau, se précisant l’un et l’autre… C’est fascinant, tout simplement. On lit un côté puis l’autre, on revient en arrière, parce qu’évidemment on a loupé un détail ou on veut juste vérifier une impression… Rabaté joue avec les semblants, avec le regard du lecteur qui hiérarchise de lui même les infos, s’attardant par ici et occultant par là.
C’est d’une subtilité incroyable, d’autant qu’il caractérise très bien ses personnages, avec des gestes simples, des attitudes très expressives, le tout avec une incroyable virtuosité !

On referme "l’album" qui est bien plus que ça, qui transcende l’objet pour devenir la scène d’une pièce muette qu’on a du mal à lâcher… D’ailleurs je retourne feuilleter ces tableaux de ce pas !

Par FredGri, le 25 août 2013

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