Voyage au pays du cerveau

L’auteure, Fiamma LUZZATI, se réveille en pleine nuit et se met à discuter avec son cortex frontal. Elle cherche à comprendre ce qu’est le cerveau. Elle se donne pour objectif de voyager dans cet univers méconnu et d’en tracer une carte, façon explorateur du XVIIIème siècle, et pour cela rencontre des scientifiques. Elle tente de dresser en 250 pages un état de la science dans le domaine.

Par geoffrey, le 7 octobre 2016

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Notre avis sur Voyage au pays du cerveau

Tiré du blog "l’Avventura", publié sur Le Monde.fr, La femme qui prenait son mari pour un chapeau distille, à raison de deux dessins par planches, ce que l’auteur a compris des dernières avancées de la connaissance sur notre organe le plus important : le cerveau. Elle est aidée dans sa quête par différents chercheurs de l’Institut du Cerveau et de la Moelle Épinière (ICM).

Mais la BD, découpée en chapitres comme un ouvrage savant, s’avère loin d’être convaincante et les pérégrinations de l’auteure transforment le voyage en une suite d’anecdotes dénuée d’intérêt. Pseudo-scientifique, l’ouvrage ne démontre pas grand-chose. On imagine aisément les chercheurs de l’ICM en train de s’arracher les cheveux pour lui inculquer un peu de culture scientifique, de cohérence et de connaissance de base. Dommage qu’elle transforme ce savoir en bouillie et s’en débarrasse aussitôt en faisant du « name dropping », plaçant ici « agnosique », là « examen t.e.p » ou encore « aboulie », « cellule gliale » ou « réhabilitation », termes qu’elle n’explique jamais.

D’ailleurs, elle ne vulgarise rien, autrement dit, elle plaque les anecdotes sans rien mettre à portée du lecteur. On se demande même si elle comprend ce sur quoi elle dessine et écrit. Sa vision d’un réseau de neurones est à lui seul un morceau de non-sens tordant : elle les représente sous forme de mini-personnages regroupés en rond dans un même lieu et se parlant à l’oreille des uns les autres.

Si elle reprend le titre d’un livre d’Oliver Sacks, elle ne fait que le citer même s’il donne son titre à la petite histoire et à la BD. On ne sait rien de ce qu’elle y a trouvé d’intéressant. Là encore, il ne s’agit rien d’autre que de « name dropping ».

De fait, tout au long de ce recueil et peu importe l’anecdote, le récit navigue entre l’abscon et l’ubuesque, laissant, pour constante, le lecteur en dehors. Et si on y entre, il y a des soucis de rythme, des cases en trop ici, des cases manquantes là. Même l’histoire sur les troubles bipolaires qui paraît la mieux maîtrisée reste bancale et s’achève trop abruptement. Ou alors, dans celle qui s’intéresse à une forme particulière d’épilepsie, elle ne parvient pas à trouver le bon ton, à montrer le décalage subtil et en donne finalement l’image d’une maladie enviable !

Le récit n’est même pas sauvé par le dessin approximatif, à l’image du bibendum barbapapesque censé représenter le cortex frontal. S’il y a une once d’originalité, elle tient toute entière dans la coiffe de l’héroïne. On en fait donc le tour rapidement. Quant aux couleurs, il faut aimer les gros aplats sans nuance, notamment le marron et le gris sales pour les bâtiments, mais la BD eut été bien terne sans.

Voyage sans agrément et science sans consistance, si vous souhaitez en savoir plus sur votre cerveau, ne comptez pas sur ce recueil de blog.

Par Geoffrey, le 7 octobre 2016

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