La Femme du magicien

Au grand dam de ses proches, Edmond a abandonné ses études pour s’adonner à sa marotte, la magie. Des tours, il en connaît un rayon qu’il partage sous le jeu d’une séduction perfide avec sa partenaire Wednesday et la fille de cette dernière, Rita. Totalement sous l’emprise hypnotique du magicien, les deux femmes parcourent au fil des années les plus grandes scènes mondiales au gré d’un succès grandissant. Jusqu’au jour où Wednesday, mise à l’écart pour son physique vieillissant et remplacée par Rita devenue la femme légitime d’Edmond, est retrouvée morte. Le choc est terrible pour celle-ci qui, en plein désarroi, plaque l’artiste qu’elle rend responsable de cette déchéance. Une nouvelle vie, un nouveau départ lui est nécessaire mais l’empreinte indélébile d’Edmond et de son monde virtuel taquine sa conscience. Pourra-t-elle s’en défaire un jour ?

Par melville, le 5 janvier 2014

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Notre avis sur La Femme du magicien

La présente version de La Femme du magicien dans la très belle collection Signé de chez Le Lombard est une réédition d’une bande dessinée parue en janvier 1986 aux éditions Casterman. Vingt-huis ans après, l’album n’a rien perdu de sa cinglante amertume.

L’histoire est complexe et trouble à n’en pas douter et si après la lecture des zones d’ombres persistent, tissant un charme pervers entre le lecteur et l’histoire racontée par Jérôme Charyn, son titre et les illustrations en doubles pages qui ornent l’ouverture des quatre chapitres offrent deux pistes de lecture intéressantes sans pour autant en dévoiler trop de l’intrigue et spoiler (comme on dit) le récit. La Femme du magicien laisse penser que le personnage principal est une femme, mais on pressent d’emblé qu’elle n’existe pas pour elle-même mais bien au travers d’un autre personnage : le magicien. Histoire qui questionne le sentiment amoureux et son lien étroit avec la possessivité et la jalousie en s’incarnant dans un récit teinté de fantastique ou de merveilleux, difficile de trancher la question. Si le lecteur, lui, peut être déstabilisé par les incursions de surnaturel, les protagonistes du récit semblent, pour leur part, très bien s’en accommoder. Pas de tours de passe-passe dans pièce qui se joue sous nos yeux mais plutôt de la magie, de celle des rêves et des cauchemars. Quatre chapitres comme quatre actes d’un mélodrame enivré auxquels on assiste plus comme voyeur que spectateur, caché derrière les décors de la scène.
« Onirisme » et « voyeurisme », le récit prend de forts accents psychanalytiques auxquels le dessin en couleurs directe sur un encrage fin et tremblé de François Boucq donne chair. Une chair qui porte les stigmates du temps et de ses désillusions. La force des images cruelles et captivantes impriment durablement les sentiments acérés du scénario dans l’imaginaire du lecteur.

« Dans tous les cas, un ouvrage qui indubitablement ne laissera pas insensible et qui reste, pour ma part, du grand Boucq et du grand Charyn. » comme le disait Phibes dans sa chronique de la précédente édition.

Par melville, le 5 janvier 2014

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