FEMME ACCIDENT (LA)
Première partie

Julie est en prison depuis trois ans. Inculpée de meurtre, elle fait face à sa vie carcérale grâce aux visites de son fils Mathias. Par ailleurs, dans sa grande solitude, elle se remémore les instants marquants de sa vie passée dont le point de départ est les corons de la banlieue de Charleroi en Belgique. De son émancipation sexuelle avec Théo à son procès, des lambeaux de vie sont étalés au grand jour pour mieux comprendre ce cursus atypique et parfois cruel.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur FEMME ACCIDENT (LA) #1 – Première partie

Les éditions Dupuis, dans leur collection Aire Libre, nous gâtent en cette année 2008. Après avoir édité dernièrement le remarquable album "La porte au ciel" de Makyo et Sicomoro, elles remettent le couvert en présentant le non moins remarquable ouvrage que celui présenté.

"La femme accident" est un récit très intimiste d’une jeune et belle femme qui s’attache à dévoiler son parcours difficile et malheureux. Issue d’un milieu ouvrier minier et d’un contexte familial plutôt sensible, elle se retrouve sur le banc des accusés, inculpée de meurtre. Denis Lapière, à qui on doit entre autres la série fantastique "Charly", la série policière "Luka" ou encore dans la même collection "Le tour de valse", nous propose un récit fort en émotions, empli de flash-back qui, progressivement, explicitent la longue descente aux enfers de cette pauvre Julie. Pour ce faire, il sélectionne dans une stratégie redoutable les différents accidents de parcours de celle qui, pour fuir la contrainte carcérale présente, se réfugie dans son passé. Contenant son aspiration à la liberté et au rythme des bouffées de cigarette, elle se lance dans de longs retours en arrière lui permettant de faire son bilan existentiel.

Au travers de cette fiction, Denis Lapière attise les interrogations sur cet univers difficile qu’est la prison pour femmes. Coupées du reste du monde et surtout de leurs proches, elles doivent composer avec cette solitude inévitable. Alternant les passages narratifs avec ceux d’intense réflexion, le scénariste parvient à nous faire percevoir ces instants de doute, d’indignation, de rébellion que peuvent traverser ces prisonnières de leur propre vie.

Olivier Grenson a lâché provisoirement "Niklos Koda" pour s’immerger dans cette aventure d’une façon qu’il convient saluer. En effet, pour la première fois, ce dernier, qui réalise des graphiques exceptionnels, se lance dans la colorisation directe. Autant le dire tout de suite, son travail sur la couleur est des plus remarquables et élève le rendu dans une qualité de picturale indéniable. Connaissant bien le territoire sur lequel se déroule l’enfance de Julie, il ne lésine pas sur le détail des décors qui sont caractéristiques des villes minières. De plus, on se plait à suivre Julie, de son jeune âge à son incarcération. La beauté de son visage (surtout les yeux) semble pénétrer notre esprit. L’expression qui s’en dégage est le reflet d’une volonté exacerbée de s’en sortir et également d’un mal être dû à sa condition.

Cet ouvrage est remarquable en tout point et nous permet de faire amplement la connaissance de la belle Julie et de ses déboires qui sauront, peut-être par accident, subjuguer le moins sensible des lecteurs. Un voyage intimiste au plus profond de l’abîme carcéral !
 

Par Phibes, le 14 mai 2008

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