Une vie imaginaire du gang des Postiches

Le 9 février 1975, à Paris, le hold-up d’une banque par plusieurs hommes armés vire au crime et à la prise d’otages. La police intervient sur place et à la suite d’une longue négociation est mise en déroute par les malfaiteurs. Cinq ans plus tard, deux des braqueurs font l’objet d’un contrôle de la circulation. Le ton s’envenime vite et l’un d’eux est tué. Le bandit rescapé retrouve son équipe qui, sous le coup de l’émotion, se décide à venger le disparu en organisant de nouveaux braquages de banques. Mais pour cela, il faudra éviter de faire couler le sang. Aussi, afin de se fondre avec les clients des futures agences et de ne pas éveiller la méfiance, ils agiront, comme le faisaient les chevaliers brigands au Moyen-Âge, à savoir masqués, en portant des perruques et de fausses moustaches. Le gang des postiches est né et il va sévir pendant de nombreuses années, faisant des émules lors de leurs passages.

 

Par phibes, le 14 janvier 2012

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2 avis sur Une vie imaginaire du gang des Postiches

Avec Les faux visages, l’association de David B. et d’Hervé Tanquerelle est synonyme d’évocation contemporaine liée au grand banditisme et plus particulièrement au tristement célèbre gang des postiches ayant sévi dans les années 80.

Fort de cette thématique pour le moins récente, David B. a choisi non pas d’en détailler scrupuleusement les états de service mais plutôt d’imaginer les relations intra-groupe avant, durant et après leurs mauvais coups. Aussi, bien que l’auteur ne se détache pas toutefois d’une certaine conformité au niveau de la chronologie des faits et de la méthodologie employée, le récit se veut dévoiler les rapports singuliers qu’auraient pu entretenir les différents braqueurs.

L’histoire concoctée est des plus captivantes par le fait que le scénariste donne une version qui, certes, lui est propre en produisant une analyse profonde des 8 bandits concernés. Après un préambule lui aussi inspiré de faits réels (le coup de fil personnel durant le hold-up par exemple) qui va permettre de réunir le fameux gang, David B. porte un regard aiguisé sur chacun d’eux, développant une psychologie particulièrement bigarrée et fortement intéressante. Les échanges que suscite une telle multiplicité d’âmes durant et en dehors des nombreux casses, sont nature, directs, porteurs souvent de décisions graves et doté d’une certaine insouciance. On perçoit un tant soit peu la griserie de ses personnages dont les coups pour le moins culottés mettent en déroute les forces de police.

On ne peut être qu’attiré par le remarquable travail graphique d’Hervé Tanquerelle. Versant dans une évocation ligne-claire, ce dessinateur de talent nous régale de son univers monochromatique, subtilement encré. Bénéficiant d’une grande clarté et expressivité, sa représentation picturale se révèle riche et juste, ce qui en soi, est un réel atout pour l’ouvrage. Ses personnages, dans leur diversité, ont un réel charisme et leur représentation panachée appuie fort bien le travail analytique du scénariste. De même, les décors parisiens sont des plus enchanteurs de par la rigueur que l’artiste semble s’être imposé pour arriver à ce résultat.

Un one-shot brillamment réalisé à lire urgemment.

 

Par Phibes, le 14 janvier 2012

Cet album traite indirectement du fameux gang des postiches qui a sévit en France durant les années 70. En le titrant « Les faux visages », les auteurs peuvent ainsi s’affranchir de la réalité historique et donner leur version de ce gang bien connu. Le traitement des personnages est particulièrement soigné et aucun protagoniste n’est négligé.
Les auteurs consacrent d’ailleurs un chapitre entier à la présentation de chaque membre du gang, dans une narration cinématographique très réussie. L’histoire s’étire volontairement sur leurs motivations et le côté franc-tireur de la bande. Sans aucune complaisance, David B et Hervé Tanquerelle nous montrent aussi bien leurs qualités que leur côté sombre et leurs contradictions.
Totalement déconnecté du système mafieux, le gang agît avec un besoin croissant d’adrénaline et semble tester les limites du système à la manière d’un sale gosse. Leur sentiment d’impunité et l’absence de vision à long terme les entraînera inexorablement vers leur perte. Placé dans le contexte de l’époque cette épopée est passionnante. Le travail de reconstitution d’Hervé Tanquerelle est d’ailleurs très convaincant. Il parvient encore une fois, dans une bichromie bienvenue à nous livrer des cases somptueuses et à donner beaucoup de vie et de personnalité à ces bandits.

Au-delà de la vraie réussite que constitue cet album, il permet de nous éclairer un peu plus sur une des grandes figures du banditisme français. Secteur souvent négligé au profit des gangsters made in USA.

Par Arneau, le 17 février 2012

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