Famille nombreuse

 
Ah, oui, là, respect ! Onze enfants pour une fratrie, c’est sûr, on peut parler d’une famille nombreuse ! Chadia est la cinquième. Elle est née en 1974, c’est la deuxième de la famille à être née en France. Ses parents, Tunisiens, ont profité du regroupement familial en 1972 pour que la Maman, Omi, rejoigne son mari avec les 3 enfants qu’elle avait déjà. Son mari qui s’était vu proposer un emploi d’agent sanitaire à Paris.

Onze enfants, quel sacerdoce ! Rien que caser tout le monde dans le F5 qu’ils ont obtenu (quand il n’y avait QUE 6 enfants !), c’était comme réussir une partie de Tétris niveau 8000 ! Quant à la vie à treize, vous imaginez… (Ou non !) Des dizaines de paires de chaussures, des attentes interminables pour se laver ou aller aux toilettes… Le regard des copains, aussi, à l’école. Et la vie… Cette vie spéciale que nous raconte Chadia dans cette BD forcément intitulée Famille nombreuse
 

Par sylvestre, le 20 avril 2017

Notre avis sur Famille nombreuse

 
Avoir un nombre important de frères et de soeurs, c’est l’assurance d’avoir des souvenirs d’enfance plein sa besace ! Chadia en a eu dix, des frères et soeurs, et ses souvenirs, elle nous les livre dans cette bande dessinée, rembobinant rapidement jusqu’en 1966 pour planter le décor, passant bien évidemment par le jour de sa naissance et nous accompagnant ensuite jusqu’à l’anniversaire de ses onze ans.

Dans un noir et blanc faisant parfois de l’oeil à celui de Marjane Satrapi ou à celui de Zeïna Abirached, avec beaucoup d’humour aussi, elle nous déroule chronologiquement plein de petites anecdotes sur ses parents, sur sa fratrie et sur elle-même, nous renvoyant par la même occasion dans une époque désormais vintage : les 70’s !

C’est principalement dans l’appartement de sa famille d’origine tunisienne que l’auteure nous invite. On baigne ainsi du début jusqu’à la fin dans des ambiances, des dialogues et des manières de faire auxquelles on n’est pas forcément habitués. Le récit ne nous cloître pas pour autant et d’autres scènes nous font cheminer aux côtés de Chadia dans sa classe ou dans son quartier, par exemple, recentrant parfois le propos sur des expériences plus personnelles de l’artiste.

L’histoire de Chadia nous parle aussi d’un père présent et rigide, d’une mère qui s’émancipera tout en restant la mère poule bienveillante, et d’une floppée de marmots volontiers réduits à une caractéristique qu’elle leur a choisie et qu’elle reconvoque avec malice lors de fréquents running gags.

Les textes sont "en couleurs" dans cette bande dessinée en noir et blanc : en choisissant de typographier de manière phonétique des choses dites avec l’accent tunisien, l’auteure orthographie beaucoup de dialogues avec fantaisie. On comprend tout à fait son choix ; on pourra par contre s’en agacer assez vite.

Cette lecture rappellera forcément des souvenirs à certains, époque oblige. Au-delà de ça, elle touchera par ces souvenirs d’enfance qui nous sont dévoilés et qui nous rappelleront pourquoi pas certains des nôtres, elle touchera aussi par son optimisme débordant et nous invitera à l’ouverture d’esprit, nous rappelant qu’en prenant le temps de connaître son voisin, on gagne à mieux l’apprécier, nous rappelant que si les gens ne vivent pas tous de la même manière, rien ne les empêche pour autant de vivre ensemble…
 

Par Sylvestre, le 20 avril 2017

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