Fais péter les basses Bruno

A peine sorti de prison, Zizou se pointe chez Fabio, un vieux de la vieille côté braquages. On le surnomme “Einstein”, c’est dire. L’ex taulard lui propose un coup fumant, que le retraité a du mal à refuser même s’il se dit rangé. Et, pour parvenir à ses fins, il va réveiller deux autres compères septuagénaires, Gaby et Paul. Mais il va falloir se méfier car le Zizou est aussi fourbe que peu futé.

Pendant ce temps, un adolescent, Slimane, parvient à quitter l’Afrique pour la France, dans la soute d’un avion. Son rêve ? Devenir footballeur. Il ne sait pas encore qu’il va croiser par inadvertance le chemin des vieux braqueurs.

Par legoffe, le 20 septembre 2010

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3 avis sur Fais péter les basses Bruno

Baru nous sert une nouvelle chronique sociale, comme il sait si bien le faire, en prenant, cette fois, le chemin du polar. Avec ses tontons pas flingueurs, il montre son envie de rendre hommage au cinéma d’Audiard, avec ses gueules d’anthologie et ses dialogues percutants.

On le sent d’emblée, l’auteur a voulu s’amuser tout au long de cette affaire où les scènes et les situations s’enchaînent à grande vitesse. Ses héros malfaiteurs, mais sympathiques, se lancent dans un casse tout en se méfiant de leur complice Zizou, qui tranche avec eux, représentant le visage sombre de cette comédie teintée d’actualité.

En effet, si le casse aurait pu se passer à n’importe quelle autre époque (moderne), Baru glisse de vrais pans d’actualité, notamment à travers la présence policière. Il dépeint des forces de l’ordre plus promptes à courir les petites gens que les dangereux malfrats. Quel symbole de voir Zizou courir le pavé et se préparer au grand banditisme à peine sorti de prison, tandis que l’on voit d’antipathiques agents jouer les contrôleurs de papiers en banlieue ou courir après un gamin sans papier dans l’aéroport. Certes, on peut crier au cliché, mais ces planches en disent long sur l’ambiance socio-judiciaire qui baigne notre pays actuellement. Le football est un autre ferment social décrit dans le livre, d’une manière moins acerbe, certes, mais non dénuée de moquerie.

Dans cette ambiance particulière, les personnages se croisent ou se (pour)suivent tout au long d’un livre récréatif qui reprend son souffle juste ce qu’il faut. Baru a privilégié l’action, le mouvement, comme l’annonce le titre.

Il s’amuse et en profite pour dessiner des personnages plus vivants que jamais. Ses coups de crayons sont généreux, colorés, expressifs. Son talent artistique porte largement le livre. Il offre une virée dynamique au lecteur. On regrettera toutefois qu’elle ne dévoile pas suffisamment d’émotions. L’humain est bien au coeur des préoccupations de l’auteur, mais il semble avoir survolé son sujet. Les personnages auraient mérité une attention supplémentaire, afin d’enraciner le spectacle et la chronique sociale dans une plus grande sensibilité. Il en reste ainsi un petit goût d’inachevé.
Peut être, aussi, a-t-il dû subir la comparaison avec un récent album, une autre peinture de la société, signée Gibrat (“Les honnêtes gens”, T.2) que j’ai lu le même week-end. Plus optimiste, Gibrat a également su donner une incroyable générosité à ses personnages. Un élément qui fait la différence au final, même si le but premier de cet article n’était pas de comparer ces deux grands auteurs. Une question de hasard…

Par Legoffe, le 20 septembre 2010

Alors autant le dire tout de suite, à mon sens Fait péter les basses Bruno est non seulement un grand Baru, mais aussi une grande bande dessinée. Par là je veux dire que pour les inconditionnels du travail de Baru ce nouveau titre est à ranger à côté des ses autres chef-d’œuvres, et que pour tout les autres c’est peut-être l’occasion de découvrir un auteur au talent immense.

Avec ce livre Baru souhaitait rendre un hommage à ces acteurs qui ont marqué le paysage cinématographique français des années 60-70 et débuts 80, comme entre autres Lino Ventura, Bernard Blier, Paul Meurisse… Il ancre donc son récit dans un polar à la trame plutôt classique. Mais Hervé Baru est un homme à la fibre sociale forte et dont le premier métier d’éducateur ne semble jamais l’avoir totalement quitté, c’est donc presque naturellement qu’il greffe à son histoire une portée sociale et met en scène l’épopée d’un jeune africain dont le destin croise celui de nos vieux gangsters. Baru est un auteur « enragé » mais « posé » et réussit toujours avec habileté à trouver les mots justes, son propos bien qu’engagé n’est en rien militant. Et c’est en cela que réside tout le talent de Baru car son regard n’en devient alors que plus percutant. Avec cet album il mêle une intrigue aux légères teintes surannées digne des meilleurs films d’Henri Verneuil à des préoccupations actuelles, qui dans notre contexte politique trouve une résonance supplémentaire… Superbe d’intelligence et de finesses.

Fait péter les basses Bruno, c’est aussi un petit bijou de mise en scène, l’approche « cinématographique » des cadrages et plan de vues est renforcée par la dynamique inhérente à son trait. Baru saisit le mouvement avec une force qui rend ses personnages vivants. Son dessin est porté par une mise en couleur chatoyante qui atténue un peu la noirceur du propos et offre cette dimension inclassable entre polar et chronique sociale.

Hervé Baru est un grand auteur, un véritable artiste, un maître du 9ème art. Et son nouveau livre au titre à la classe folle, Fait péter les basses Bruno, est une vraie réussite. A lire absolument !

Par melville, le 22 septembre 2010

Ça c’est un titre accrocheur ! Ca change des éternels "La quête de …" ou "La compagnie de …" ou encore "Les aventures de …" ! Mais une fois cette constatation passée la question se pose de savoir pourquoi ce titre ? Ainsi, votre curiosité ayant été titillée, vous ouvrez cet ouvrage …

Dès les premières planches vous vous sentirez happé par cette histoire qui n’est en rien fantastique, ni imaginaire, il s’agit presque d’une histoire "banale" tant elle est réelle. L’histoire d’un jeune sans papier découvrant le pays qui le faisait rêver et qui se trouve coincé dans une affaire de braquage avec laquelle il n’a au départ rien à voir. Espoir d’une vie meilleure, espoir de pouvoir jouer au foot et mettre son talent au service de grands clubs européens, mais espoir déçu, vie terrible pourchassé de toute part dans un pays inconnu. Oui vraiment cette BD porte bien le nom de "Chronique sociale".

Le dessin de Baru est toujours aussi excellent. Bien qu’assez caricatural il n’en reste pas moins agréable à l’oeil et simple à suivre de par un niveau de détails assez restreint.

Mais alors, qu’en est-il du titre me direz-vous ? Et bien là où l’auteur est très fort c’est que cette phrase ne se trouve qu’une seule fois dans la BD et est dite par un personnage qui n’est même pas un personnage secondaire… Mais je vous laisse la découvrir !

Sans conteste une des meilleures BD de cette année 2010. Jetez vous dessus, vous ne sauriez le regretter.

Par PEK, le 20 novembre 2010

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