De tout petits riens

A la maison, dans la rue, au supermarché, dans la cage d’escalier d’un immeuble, au restaurant, au bureau de Poste, dans le métro, dans l’avion, au parc public, voilà bien des endroits pour le moins ordinaires et fréquentés quotidiennement qui peuvent être le théâtre de petits dérapages existentiels. Christophe Chabouté en a saisi quelques uns et, au travers de sa simplicité narrative, nous restitue directement ces petits riens aux portées acidulées.

Par phibes, le 23 février 2010

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2 avis sur De tout petits riens

Après avoir travaillé sur des récits au long cours tels Tout seul et Terra Neuvas, Christophe Chabouté revient sur le scène éditoriale en publiant en ce mois de février via les éditions Vents d’Ouest, le présent recueil composé de 11 nouvelles brèves.

Fidèle à son style qui privilégie l’expressivité des situations à un verbiage excessif et pesant , l’auteur se fait le rapporteur sensible de tranches de vie au déroulement incisif, implacable, amer. Dénués de tout effet de manche, puisant dans l’immense vivier de la masse populeuse et évitant sciemment de mettre en évidence des personnages irréellement charismatiques, ses récits optent pour une mise en lumière furtive et naturelle d’instants vécus aux effets touchants.

La sensibilité, l’humanité avec lesquelles sont traitées simplement et respectueusement les historiettes, sont inéluctablement fortes. On se plait à plonger dans l’intimité des divers personnages anonymes, à les côtoyer un instant dans l’univers qui leur est propre et à appréhender le malaise (une brisure dans l’harmonie) qui nait d’une situation ou une réaction particulière à laquelle ils sont confrontés. Chaque rencontre que l’auteur évoque possède sa chute, une chute souvent sans bruit, sans parti pris, délivrant son lot d’émotions plus ou moins fortes et qui vient prendre subtilement le lecteur à contre-pied.

Le mode opératoire de Christophe Chabouté quant à ses travaux graphiques fait toujours mouche. Utilisant le noir et blanc avec délicatesse, il nous entraîne dans une succession d’instantanés d’une authenticité convaincante. Réservant peu de place aux dialogues surdimensionnés et redondants, il opte pour une mise en image très expressive, délivrant des messages sous-entendus et forts. C’est dans les attitudes figées de ses personnages et dans leurs regards que le dessinateur excelle. Ils drainent une certaine tristesse, une certaine réflexion intérieure empreinte de nostalgie qui émeuvent sincèrement et donne des envolées émotionnelles bien agréables.

De tout petits riens qui poussent à la réflexion sur les errements de la société moderne. Un one-shot superbe et imparablement amer !

 

Par Phibes, le 23 février 2010

Je suis ce qu’on pourrait appeler un grand inconditionnel du travail de Christophe Chabouté, pour moi la sortie d’un nouvel album est un grand moment… Chabouté est à mon sens l’un des grands noms du paysage bédé actuel. C’est un auteur qui a su trouver son identité propre et au fil de ses récits continuer d’explorer cette même veine tout en réussissant le tour de force de nous surprendre à chaque fois. Chabouté est devenu maître dans l’art d’exprimer l’indicible par son seul dessin ; un visage, un regard, des mains, suffisent à nous en dirent plus que n’importe quelle tirade. Son trait, tout en noir et blanc, est chargé d’une force émotionnelle rarement rencontrer chez d’autres auteurs, j’en suis personnellement à chaque lecture tout retourné. Et cela oblige du fait à ce que les quelques mots prononcés soient d’une grande justesse, qu’ils touchent directement sans faire de détour.

Avec ce nouvel album, Fables amères, Christophe Chabouté dénonce une fois de plus la méchanceté quotidienne, la cruauté ordinaire. Et c’est en cela que réside tout son talent : Chabouté dénonce sans pour autant asséner de jugement implacable qui s’abattrait tel un couperet sur un condamné. Condamné car c’est un peu l’impression qu’on a quand on voit ces gens pris dans la spirale infernale de notre société, des gens qui enfermés dans le carcan d’une certaine routine fruit de leur condition sociale ont perdu leur capacité de réfléchir sur le monde qui les entours, ont perdu leur sens critique des choses. Et ça fait mal… ça fait mal d’autant plus que celui qui ne s’y reconnaîtrait pas, même un temps soit peu, se mentirait à lui-même.

Alors voilà, j’ai envie de dire merci Monsieur Chabouté de nous offrir encore une fois un récit "intelligent" qui nous amène à réfléchir et pourquoi pas à changer un peu, car que ce soit dit cette amertume n’est pas une fatalité ! Chapeau bas.

Par melville, le 19 mars 2010

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